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UN PATRIMOINE HISTORIQUE ET ÉCOLOGIQUE
À Paris et dans sa région, depuis la lointaine époque des Romains, plusieurs aqueducs ont été construits au fil des siècles. Certains ne sont plus que des vestiges témoignant de leur époque, d’autres sont encore en service. Cette technique d’acheminement de l’eau est même toujours d’une grande modernité.
À la fin du XVIe siècle, Paris est en expansion, la ville grandit anarchiquement autour de son centre fortifié. Les 350 000 Parisiens ne bénéficient pas d’une eau de qualité. Des recherches sont menées sous le règne d’Henri IV pour retrouver et restaurer l’aqueduc romain de Lutèce. Sa réutilisation s’avère finalement impossible car il est trop dégradé. Après l’assassinat du roi par Ravaillac en 1610, sa veuve Marie de Médicis, régente au nom de leur fils, le futur Louis XIII, fait construire un nouvel aqueduc pour alimenter des fontaines publiques sur la rive gauche, et les jardins de son palais du Luxembourg. Cet aqueduc est aujourd’hui appelé "Aqueduc Médicis", et a fêté en 2013 son quatre-centième anniversaire.
Au XIXe siècle, l’hygiène sanitaire devient une pratique quotidienne. C’est une époque de grands travaux d’infrastructures : canaux, égouts, voies ferrées, routes, bâtiments prestigieux et aqueducs. Les techniques s’industrialisent. Les outils sont de plus en plus performants. Les chantiers disposent d’une main d’œuvre abondante et bon marché. Des aqueducs modernes sont construits en utilisant le savoir-faire technique des ingénieurs et de nouveaux matériaux. C’est le cas de la fonte, qui permet de fabriquer des conduites beaucoup plus grandes et résistantes.
Entre 1836 et 1866, Paris passe de un à deux millions d’habitants. La construction des nouveaux aqueducs parisiens est due à un ingénieur novateur, Eugène Belgrand (1810-1878). Dans le cadre des grands travaux engagés par le préfet Haussmann à Paris, il développe et modernise le réseau d’eau de la capitale. Pour offrir aux Parisiens une eau de grande qualité, il est décidé de capter des sources loin de Paris, jusqu’à 150 kilomètres au-delà de la capitale. Les eaux sont acheminées jusqu’aux portes de Paris par deux aqueducs : la Dhuis (1863-1865) et la Vanne (1866-1874).
Trois autres aqueducs sont construits après le décès d’Eugène Belgrand : l’Avre (1890-1893) et le Loing (1897-1900). Prévu en 1884 mais retardé jusqu’après la guerre de 1914-1918, le dernier aqueduc du réseau parisien, celui de la Voulzie, est terminé en 1925. Ces trois aqueducs acheminent encore aujourd’hui la moitié de la consommation d’eau potable des Parisiens (483 000 m3 par jour en moyenne, en 2012).
Un programme d’investissement placé sous le signe du développement soutenable
Entretenus et améliorés, ces ouvrages hérités de l’époque de Belgrand au
XIXe siècle, acheminent encore aujourd’hui l’eau potable à Paris. En
charge de l’ensemble de ce patrimoine du service public de l’eau, Eau de
Paris offre
les conditions d’une politique patrimoniale forte et ambitieuse.
Les aqueducs font ainsi l’objet chaque année de
réhabilitations, à l’issue de diagnostics portant sur leur état
intérieur et extérieur, réalisés par les équipes de l’entreprise. Ces
interventions permettent d’éviter les fuites et les ruptures de
canalisations et de sécuriser l’alimentation la capitale en eau potable.
L’ensemble des activités de la régie s’inscrit dans la démarche de
développement soutenable portée par la Ville de Paris et sa régie.
L’objectif global est de
produire une eau la plus économe possible en énergie tant dans la
gestion des process industriels que celle du patrimoine immobilier. La
réunification de toutes les étapes de la filière eau potable au sein
de l’opérateur unique facilite également les connaissances sur les flux
en tout point pour les piloter de façon optimisée.
Offrir une seconde jeunesse aux aqueducs – Afin de garantir un niveau de
qualité dans la production et la distribution, Eau de Paris doit
maintenir un haut niveau d’entretien et de valorisation du patrimoine
industriel de l’eau. Le schéma d’investissement dont s’est dotée la
régie pour la période 2012-2016 prévoit environ 70 millions d’euros de
travaux par an sur l’ensemble du patrimoine du service public de l’eau,
notamment les ouvrages historiques, parfois plus que centenaires. Les
aqueducs constituent l’un des axes forts des programmes de travaux.
Le chantier des arcades du Grand-Maître (2012-2013) est à ce titre
particulièrement innovant. Ses 192 arcades, qui supportent, sur plus de 2
000 mètres, l’aqueduc de la Vanne s’érigent ainsi dans la forêt de
Fontainebleau. Constituées de béton Coignet, datant de plus d’une
centaine d’années, ces installations ont subi les outrages du temps et
des variations saisonnières : disjointements de maçonnerie et
éclatements de mortier d’enduits risquaient de provoquer des incidents.
Pour protéger les promeneurs d’éventuelles chutes de débris, les arcades
se situant à l’aplomb de la voie de circulation sont en cours de
rénovation. Menés depuis 2012, les travaux ont pour objectif de purger
l’ouvrage de tout matériau pouvant se décrocher, de réparer la
structure, de réaliser un enduit parfaitement adhèrent au support et
pérenne sur 10 000 m2, et de restituer une esthétique conforme à l’état
d’origine de l’ensemble de l’ouvrage : une reproduction à l’identique
des motifs décoratifs incrustés dans l’enduit a ainsi été réalisée.
L’auscultation des conduites – Eau de Paris développe en interne des
compétences en matière de diagnostic pour optimiser la gestion
patrimoniale des aqueducs. Aussi, les visites intérieures et extérieures
des ouvrages constituent la base de travail incontournable. Selon la
programmation des arrêts d’eau et les tronçons d’ouvrages à réhabiliter,
un programme d’études et d’auscultation est défini à l’avance, de
manière à appréhender les problématiques suffisamment en amont pour
pouvoir intervenir avec la meilleure efficacité. Il en est de même pour
toutes les opérations de réhabilitation d’ouvrages en élévation
(arcades), ou des opérations de surveillance et de diagnostics sont
toujours réalisées suffisamment en amont.
Pour entretenir les conduites difficiles d’accès, Eau de Paris a inventé
des outils spécifiques d’auscultation et de connaissance de l’état du
réseau, qui mêlent la mécanique et l’électronique. Cette auscultation
permet de tester la résistance des conduites tous les cinq mètres
environ, de repérer d’éventuels problèmes et d’organiser les travaux.
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Les 192 arcades du Grand-Maître agrémentent plus de deux kilomètres de promenade en forêt de Fontainebleau. Cette partie de l'aqueduc de la Vanne a fait l'objet d'un vaste chantier de restauration en 2012-2013. |
Une gestion écologique des aqueducs
Les aqueducs participent au développement soutenable, en favorisant les
conditions de mise en œuvre de l’engagement d’Eau de Paris en faveur de
la protection du milieu naturel. Cet engagement qui s’est formalisé
autour de partenariats locaux et d’une adhésion à des objectifs
nationaux en matière de biodiversité, se structure autour du
renforcement des mesures de protection de la ressource, du soutien sans
faille aux agriculteurs bio, de l’équilibre des sources
d’approvisionnement, de l’amélioration de la connaissance du réseau et
de ses performances, de l’efficacité énergétique des installations...
Les aqueducs : zéro consommation énergétique – Dans les
aqueducs utilisés quotidiennement par Eau de Paris, l’eau circule par
gravité. Aucune énergie n’est nécessaire pour la transporter. Cette
qualité écologique, très appréciée aujourd’hui, encourage la régie à
entretenir, utiliser et améliorer constamment ce patrimoine hydraulique.
Soixante-douze heures sont nécessaires aux eaux issues de la source la
plus éloignée, Armentières, en Champagne-Ardenne, pour atteindre Paris.
Depuis leur prélèvement dans la rivière, les eaux de surface mettent une
dizaine d’heures pour rejoindre les réservoirs.
Entretenir les installations d’eau potable comme des prairies naturelles –
Eau de Paris s’est engagée dans une démarche volontaire visant à lever
les discontinuités écologiques, cause de l’érosion de la biodiversité.
Cette démarche s’appuie sur un patrimoine qui constitue un lien majeur
entre les espaces naturels et urbains, ainsi que sur des pratiques que
l’entreprise a mises en place en protégeant les ressources en eau à
chaque étape du cycle. 80 % des 470 kilomètres d’aqueducs qui alimentent
Paris en eau sont composés d’une large bande enherbée permettant à de
nombreuses espèces animales et végétales de vivre et de se déplacer.
Au-delà d’un entretien sans aucun pesticide inhérent à ses missions de
protection de l’eau, Eau de Paris y adapte depuis une dizaine d’années
l’entretien réalisé pour favoriser la biodiversité et entretient les
aqueducs comme des prairies naturelles. Une seule fauche est réalisée
chaque année à deux dates différentes : la première vers mi-juin pour la
bande centrale, la seconde en septembre pour les côtés (ou
inversement). Ces espaces constituent depuis toujours des refuges pour
la faune et la flore, notamment en zones urbaines ou agricoles ou la
nature est moins présente. Pour leur permettre de jouer pleinement leur
rôle de réservoirs de biodiversité et de continuités écologiques à
l’échelle communale et transrégionale, et pour créer des lieux de repos
et de reproduction pour les espèces en milieu urbain dense, la régie
municipale est allée au-delà d’une approche empirique. En 2012, elle a
formalisé une démarche volontaire en faveur de la diversité biologique
qui s’appuie sur des caractéristiques métiers et une réelle sensibilité
écologique de ses agents.
Développer des pratiques d’entretien adaptées – En
s’appuyant sur des inventaires et des plans de gestion, Eau de Paris a
développé des pratiques d’entretien adaptées à cette richesse
écologique, qu’elle étend progressivement à l’ensemble de son
patrimoine. Des partenariats ont été renforcés en 2012 avec des
associations et conservatoires naturalistes pour suivre l’évolution des
espèces et orienter précisément les pratiques d’entretien pour les sites
présentant la plus forte biodiversité. Par exemple, des nichoirs à
chouette chevêche et à chouette effraie ont été fabriqués et posés sur
le champ captant des Vals-de-Seine, selon les préconisations de
l’association naturaliste de la vallée du Loing et du massif de
Fontainebleau (ANVL), partenaire d’Eau de Paris depuis 2006.
En
septembre, un partenariat de trois ans a également été conclu avec le
Conservatoire des espaces naturels de la région Centre. Il permet à ce
dernier d’apporter son expertise et ses conseils de gestion du
patrimoine naturel à Eau de Paris pour le champ captant de Montreuil, en
Eure-et-Loir, et son site remarquable du coteau calcaire, classe en
zone Natura 2000.
Créer des continuités écologiques – Apres avoir
adhéré à la Stratégie nationale pour la biodiversité 2011-2020, Eau de
Paris a inscrit la protection de la biodiversité a son schéma directeur
des investissements 2012-2026. Sa proposition, intitulée "Au fil de
l’eau, vers une Trame verte et bleue pour Eau de Paris" a été retenue
par le ministère de l’écologie portant sur la "Trame verte et bleue" en
milieu urbain. Deux facteurs ont permis de proposer le territoire d’Eau
de Paris comme espace pertinent pour la constitution d’un maillage
écologique : la linéarité de son patrimoine et son rayonnement dans
toute l’Île-de-France, ainsi que le lien qu’il constitue entre les
milieux urbain, périurbain et rural.
Les espèces végétales et animales mangent, dorment, se reposent
et se reproduisent en divers lieux. Elles empruntent donc des voies qui
leur sont propres pour assurer leur survie. Or ces voies sont détruites
par la construction des villes, des routes et autoroutes ou par la
progression des terres agricoles. Les aqueducs, qui constituent des
espaces naturels continus sur plusieurs dizaines de kilomètres, peuvent
devenir de nouvelles voies de circulation pour ces espèces et même des
zones de refuge où elles se développent. .
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- ResSources
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Le Pavillon de l’eau accueille jusqu'au 22 février 2014 l'exposition d’Eau de Paris "Aqueducs, des chemins pour l’eau". Cette exposition originale, conçue pour toute la famille, révèle tous les secrets et l’ingéniosité des aqueducs.
Ponctuée d’objets et de manipes, l’exposition, plus particulièrement dédiée aux 10-14 ans, sensibilise à l’acheminement de l’eau en valorisant ses dimensions techniques, fonctionnelles, historiques et patrimoniales. Des ateliers pédagogiques pour enfants, des projections cinématographiques tout public et des visites guidées sont proposés chaque samedi.
Entrée et activités entièrement gratuites.
Pavillon de l'eau |