Usine de dépollution de Capo LaurosoMots clés : Capo Lauroso, Propriano, Sartène, Viggianello, Olmeto-Sud, Sartenais-Valinco, STEP, Corse, site protégé, littoral |
Dossier de Charles POZZO DI BORGO   |
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April 2012 | |||
UNE STEP EN BORD DE MER
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Un projet en quatre phases
Construction du poste de relèvement – Le nouveau poste de relevage est implanté au point bas de Propriano, aux abords du port de commerce et de plaisance. Construit par le groupement Saur-Delovo sur un espace relativement exigu et à proximité des commerces, le chantier a dû prendre en compte un planning de travail qui excluait toute activité en période estivale et les conditions particulières d’une construction à 5 mètres sous le niveau de la mer. L’instabilité du terrain et la présence de l’eau ont contraint l’entreprise à construire la bâche de stockage en utilisant la technique du havage qui présente tout de même l’avantage de minimiser l’emprise de fouilles et de réduire la production de déblais. Ce procédé (dérivé des pratiques des puisatiers) consiste à construire au sol une série d’ouvrages en forme de bagues carrées, en béton armé d’environ 10 m2 de section, puis de creuser le sol à l’intérieur pour faire descendre chaque bague progressivement jusqu’à une profondeur d’environ 6 mètres. À cette zone de collecte des effluents, sont adjoints un bâtiment technique de 50 m2 qui regroupe les équipements électriques de commande et de contrôle et un groupe électrogène de secours pour garantir le relevage et ces volumes en toutes circonstances. L’unité comprend également les dispositifs hydrauliques de protection des réseaux, notamment par le traitement préalable des sulfures très présents lors des chaleurs estivales, pour éviter la corrosion des pièces métalliques et par un dispositif de désodorisation. Le gros œuvre terminé, l’installation de pompes de 45 KW permet de refouler les effluents jusqu’à la nouvelle station d’assainissement sur une distance de 2.200 mètres, avec un débit de pompage d’eaux usées de 270 m3/heure, puis de 350 m3/heure, dans la situation future des raccordements des 4 communes desservies.
Transfert des effluents – Dans le cadre du transfert des effluents depuis le poste de relevage du port de Propriano vers la nouvelle station d'épuration, Saint-Gobain / Pont-à-Mousson a fourni environ 2 100 mètres linéaires de canalisations en fonte ductile DN300. Dans un souci de développement durable, le transport des canalisations a été optimisé. Fabriquées dans l'usine de Pont-à-Mousson dans l'est de la France, elles ont été acheminées par train jusqu'à Beaucaire puis par remorque (via les ferries commerciaux) directement au port de Propriano. Dans cette zone en bord de mer au sol acide, le risque de corrosion des conduites est accru. Pont-à-Mousson a proposé des conduites de la gamme Intégral Tout-Terrain dont la protection extérieure est renforcée en usine par une couche de polyéthylène co-extrudée. Les raccords entre chaque section sont protégés, à la pose, par une capote polyéthylène. Chaque élément de conduite nécessitant une mise en œuvre particulière principalement pour la protection des emboitements, les équipes techniques de PAM se sont déplacées au démarrage du chantier afin de former les équipes de pose.
Construction de la station d’épuration – La nouvelle station d’épuration destinée à traiter dans sa première phase les eaux usées de Propriano (fin 2011), de Sartène (fin 2012) et de Viggianello / Olmeto, est dimensionnée pour traiter 17 500 équivalents-habitants en première phase. À terme, elle pourra traiter plus de 25 000 équivalents-habitants. Conçue avec l’objectif d’intégrer ce bâtiment avec discrétion à l’environnement, son architecture sobre est parfaitement "fondue" dans le site, utilisant des matériaux traités pour être en harmonie avec les tons et coloris naturels de son environnement et les abords végétalisés avec des essences locales. À cela s’ajoute un traitement ultra performant des nuisances olfactives et sonores. Ces précautions font que la station est fort peu visible et son activité imperceptible, bien qu’à proximité de la route des plages et de la zone Natura 2000. Compte-tenu de la sensibilité du milieu récepteur (le rejet se fait dans le golfe de Valinco), une technologie de pointe a été choisie par la Communauté de communes afin que les rejets soient d’une qualité sanitaire maximum. Ainsi, les eaux usées sont traitées grâce à un nouveau concept de membranes permettant d’obtenir la meilleure qualité de rejet possible, en particulier sur le plan bactériologique. Grâce à ce procédé, initialement destiné au traitement de l’eau potable, l’eau rejetée en mer permet non seulement la baignade, mais aussi et surtout le respect rigoureux des écosystèmes marins. Le cycle du traitement reste en partie traditionnel. Dégrillage, dessablage, puis décantation pour dépôt des matières en suspension. Les bassins circulaires ont cédé la place au traitement de filtration membranaire, la technologie sélectionnée. C’est la société Stereau, filiale traitement des eaux de la Saur, qui a mis en œuvre son procédé membranaire Aqua RM, avec 5 800 m2 de membranes-plaques qui garantissent la fiabilité du filtrage. Ce procédé est déjà appliqué à près de 40 sites en France et à l’étranger, pour des capacités de traitement comprises entre 1 000 à 200 000 équivalent-habitants.
Pose de l’émissaire de rejet en mer – L’émissaire terrestre et marin permet de rejeter par gravitation les eaux traitées de la nouvelle station d’épuration de Capo Lauroso. La conduite de Pont-à-Mousson, de 400 mm de diamètre, est constituée de matériau fonte et polyéthylène. Longue d’environ 1 000 mètres, elle permet de faire transiter un débit maximum de 540 m3/heure soit 150 litres/seconde. Sa construction a nécessité la prise en compte de contraintes environnementales et hydrodynamiques marines importantes. Depuis la plage et en mer, jusqu’à la profondeur de 23 mètres, la canalisation est enterrée afin de la protéger de la houle. Au-delà et sur tout le linéaire restant, elle est directement posée sur le fond marin et équipée de 45 lests appelés éco-cavaliers pour assurer sa stabilité. Ces lests, constitués de deux galettes en béton assemblées autour de la conduite, ont aussi pour mission de favoriser leur colonisation en servant d’habitat à la flore et la faune sous-marine, ce qui explique leur dénomination d’"éco-cavaliers". Pour accélérer le processus d’installation de la biodiversité, le béton a reçu des agrégats de coquillage afin de faciliter l’implantation et la nidification. À l’extrémité de l’émissaire, à 35 mètres de profondeur, le diffuseur de 150 mètres et de 10 orifices garantit une bonne diffusion et la dilution rapide des effluents en mer. Sur les conseils de son maître d’œuvre, la Communauté de communes a décidé, pour assurer une protection "lourde" du diffuseur contre le risque éventuel de chalutage sauvage, de placer des récifs artificiels innovants recréant les conditions d’un habitat naturel afin d’accueillir les espèces locales. Des études sous-marines sont prévues pour observer les nouvelles populations et espèces qui y trouveront abri. La conception et la réalisation de cet émissaire marin achèvent le cercle vertueux du traitement des eaux par la restitution au milieu naturel de l’eau traitée, tout en garantissant la protection et le développement de la biodiversité marine. .