MICHELIN BLANZY
Objectif : Autonomie en eau
Michelin Blanzy prélève chaque année plus de 160 000 m3 dans la rivière la Sorme, qui alimente aussi en eau potable Le Creusot et Montceau-les-Mines. L'Agence de l'eau Loire-Bretagne participe au projet Hydraloop visant l'autonomie à 100 % sur la ressource eau à l'horizon 2030.
Martine LE BEC
illustrations MLB / Michelin Blanzy
H2o – novembre 2024
Ce reportage est l'un des trois volets du voyage de presse organisé le 20 novembre 2024 en Saône-et-Loire par la délégation Allier-Loire amont de l'Agence de l'eau Loire-Bretagne sur le thème de la gestion durable de la ressource en eau à l'aune du changement climatique.
Contexte – Depuis les sources de l’Allier, de la Loire et de l’Arroux jusqu’au Nivernais, le sous-bassin Allier-Loire amont couvre 32 628 km2 et il compte 2 millions d’habitants. 28 % de ses cours d’eau et plans d’eau sont en bon ou très bon état et un tiers en état moyen. Néanmoins, dans le département de Saône-et-Loire, seulement 12 % des masses d'eau sont aujourd'hui en bon état.
En ce mois de novembre, pluvieux sur une bonne partie de l'Europe, la Saône-et-Loire traversée, comme son nom l'indique, par deux cours d'eau majeurs apparaît plus verte que tout. Mais sa réalité est devenue aussi trompeuse que son nom : à l'été 2018, 262 communes du département (soit près de la moitié) étaient reconnues en état de catastrophe naturelle pour le phénomène "mouvements de terrain différentiels consécutifs à la sécheresse et à la réhydratation des sols". Le phénomène s'est reproduit en 2019 et 2020, puis en 2022 et 2023 avec des sécheresses chaque année plus précoces et plus longues.
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Situé sur la commune de Blanzy, mais le plus souvent identifié sous l'appellation "Michelin Montceau-les-Mines", le site industriel s'étend sur 40 hectares et emploie 1 200 salariés. Son activité se répartit entre la fabrication de matériaux semi-finis, composants du pneu, et la production de pneumatiques. Des missions additionnelles lui ont été confiées faisant du site le leader technologique et digital du groupe.
Une "roadmap" fera également de Michelin Blanzy le premier site multi activité du groupe à atteindre le "net zero" CO2. Le site, qui valorise déjà depuis deux ans 100 % de ses déchets, investit désormais dans la biomasse, l'installation d’ombrières photovoltaïques sur les parkings et une logistique verte. C'est donc dans ce contexte de "verdissement" qu'a été conçu le projet Hydraloop.
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Vue générale du site Michelin Blanzy – La station de traitement des eaux résiduaires, en cours de rénovation, et le bassin de stockage. |
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Le projet Hydraloop – doc. Michelin Blanzy |
Le site Michelin prélève chaque année entre 150 000 et 180 000 mètres cubes d’eau dans la Sorme, un affluent de la Bourbince, qui par ailleurs alimente en eau potable le sud de la Communauté urbaine Creusot Montceau (relevant du territoire du Syndicat mixte des bassins versants de l'Arroux et de la Somme, SMBVAS). Aussi le risque est-il devenu prégnant de voir l'activité industrielle arrêtée sur décision préfectorale en période de sécheresse.
Le projet vise la réduction des prélèvements d’eau à hauteur de 80 % d'ici mars prochain et l'autonomie à l'horizon 2030. Dès lors, les approvisionnements en eau de l'usine se feront exclusivement sur le traitement des eaux résiduaires et des eaux pluviales. Plutôt que d'être rejetées dans le milieu naturel, les eaux résiduaires seront stockées et retraitées à la demande par un nouveau process (filtre à tambour et filtre à charbon actif) avant d'être réinjectées en production pour l'eau industrielle, glacée, adoucie ou réfrigérée.
Le bassin de stockage déjà en place procure une autonomie de 10 jours, suffisante pour assurer la continuité de l'activité avant la pleine autonomie attendue en 2030.
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Shafi Malik, chef de projets industrie et procédés en charge du projet Hydraloop. |
Le coût du projet Hydraloop est de 4,5 millions d'euros, sur lesquels 980 000 euros ont été financés par l'agence de l'eau.
La communication institutionnelle de Michelin met en exergue le "Tout Durable" imposant la recherche au quotidien d'un "équilibre entre des dimensions mutuellement bénéfiques et interdépendantes", à savoir : les personnes, la performance et la planète. Au regard des fermetures annoncées il y a moins d'un mois (qui se solderont par 1 200 licenciements), le Bidendum s'est subitement vu affublé d'un nez, un nez qui s'allonge et s'allonge. ▄
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- ResSources
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La délégation Allier-Loire amont de l'Agence de l'eau Loire-Bretagne a traité 47 dossiers d’économies d’eau pour les industriels entre janvier et juin 2024, représentant un montant de 4 millions d'euros de subventions pour 8,5 millions d'euros de travaux, et, en termes d'économie sur les prélèvements, pour 387 000 m3/an, dont 125 000 m3 pour le projet Hydraloop de Michelin Blanzy.
À l’échelle du bassin Loire-Bretagne, afin d'aider les acteurs locaux à anticiper les effets du dérèglement climatique sur la ressource en eau, 40 études Hydrologie Milieux Usages Climat (HMUC) sont en cours couvrant 85 % du territoire. Sur le département de la Saône-et-Loire, l’agence de l'eau finance une étude pré-HMUC portée par le département et visant à rassembler la donnée disponible. L’étude, qui représente un coût de 420 000 euros, bénéficie de l’aide des deux agences Loire-Bretagne et Rhône-Méditerranée. |