La qualité des eaux sur le bassin de la SeineMots clés : bassin de seine, seine-normandie, qualité, eaux, rivières, nappes, qualité chimique, qualité des écosystèmes, rejets de pollution |
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La qualité des rivières et des nappes sur le bassin de la Seine
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Les analyses programmées sur ces stations permettent d’évaluer chaque année un état écologique et chimique. Au sens de la directive cadre européenne sur l’eau (DCE), l’état d’une rivière ou d’une nappe est en effet calculé à partir d’un état écologique (biologie + physico-chimie) et d’un état chimique.
Depuis 1971, le nombre de stations de mesures pour les rivières est en nette augmentation puisque leur nombre est passé de 293 en 1971 à 1 100 en 2014. Les paramètres d’analyse sont aussi de plus en plus diversifiés : à titre d’illustration, pour les rivières, on mesurait 66 paramètres en 1971, 271 paramètres en 1992 et 895 en 2007. Cette augmentation résulte principalement de l’ajout des pesticides, des compléments sur les paramètres biologiques et les micropolluants organiques. En ajoutant progressivement de nouveaux paramètres à nos systèmes d’évaluation de la qualité de l’eau, cette évaluation devient mécaniquement de plus en plus sévère, même si la qualité s’améliore. C’est l’effet "thermomètre".
Zoom sur les pesticides – Sur les 41 substances dangereuses prises en compte pour évaluer l’état chimique des eaux des rivières selon la directive cadre européenne, 23 sont des pesticides. Un seul est actuellement autorisé en France : l’Isoproturon. Les autres ont été interdits à l’usage. Les 23 pesticides de l’état chimique pour les mesures directive cadre europénne sont : Alachlore, Aldrine, Atrazine, Chlorfenvinphos, Chlorpyrifos, DDT total, Dieldrine, Diuron, Endosulfan alpha, Endosulfan beta, Endosulfan famille, Endrine, Hexachlorobenzène, Hexachlorobutadiène, Hexachlorocyclohexane, Hexachlorocyclohexane beta, Hexachlorocyclohexane delta, Isodrine, Isoproturon, Lindane, para-DDT, Simazine, Trifluraline. Si l’on recherche ces pesticides dans les rivières, on n’en trouve qu’en faible concentration dans la mesure où ces molécules sont interdites depuis une vingtaine d’années. Cependant, on les retrouve parfois encore dans les nappes d’eau souterraine, du fait du temps qu’ils mettent à "traverser" le sous-sol.
D’un autre point de vue, si l’on regarde non plus seulement la liste des pesticides de la directive cadre européenne mais la totalité des pesticides, incluant les pesticides autorisés actuellement, les analyses de cours d’eau révèlent une présence de pesticides en grande quantité. Par exemple, l’Oxadiazon à lui seul "déclasse" 250 rivières du bassin Seine-Normandie (le déclassement est le fait de classer une rivière en mauvaise état chimique). La situation des rivières peut donc être "bonne" ou "mauvaise" suivant les pesticides regardés. Selon les critères de la directive cadre européenne, la plupart des rivières du bassin Seine-Normandie sont en bon état chimique pour les pesticides. Si l'on regarde l’intégralité des pesticides, la carte montre néanmoins que la plupart des rivières contiennent des concentrations de pesticides importantes.
Pour les nappes d’eau souterraines, tous les pesticides sont pris en compte. La concentration de pesticides est le principal paramètre déclassant les eaux souterraines. En effet, ils affectent 68 % des 53 masses d’eau souterraines du bassin.
Zoom sur les nitrates – Les chiffres de référence sur la teneur en nitrates [NO3] d’un cours d’eau sont respectivement de 8 à 10 mg/L à l’état naturel, 25 mg/L dans un contexte agricole et > 50mg/L en situation de pollution. Cette échelle est celle retenue par la directive cadre européenne et, de ce point de vue, la majorité des rivières du bassin Seine-Normandie sont en bon état sur le paramètre nitrates, avec une concentration comprise entre 0 et 50 mg/L. Cependant, le seuil de nitrates à respecter pour stopper l’eutrophisation est de 18 mg/L, et de ce point de vue, la majorité des rivières du bassin présente des concentrations supérieures à 18 mg/L.
S’agissant des nappes d’eaux souterraines, le seuil de déclassement est de 50 mg/L. 53 % des nappes d’eau du bassin sont déclassées à ce titre. S’agissant enfin des prélèvements pour un usage destiné à l’eau potable, selon le taux de nitrates de l’eau prélevé dans les nappes souterraines, la vigilance et la protection du captage sont accrues. Le seuil de vigilance est fixé à 25mg/L, celui d’action renforcée à 37 mg/L et celui d’autres actions 50 mg/L.
Les perspectives par rapport à la directive cadre européenne sur l’eau
La directive cadre sur l’eau fixe l’objectif ambitieux du bon état pour 2015. Si ces objectifs ne sont pas atteints, il faut expliquer pourquoi. Les raisons portent sur des critères économiques (cela coute trop cher), techniques (on ne sait pas faire), naturels (quoi que l’on fasse, cela n’aura pas d’impact sur le milieu).
Où se situe la France dans le panel européen ? Dans le cas du bon état écologique, 43 % des masses d’eau en "bon état" en 2009 et 33 % des masses d’eau "en dérogation" pour 2015. Sur le graphique qui suit, le gris représente les états "incertains" et la zone blanche "la distance qu’il reste à parcourir" jusqu’aux objectifs de 2015. Si la France se situe dans le milieu du tableau par rapport en termes d’état et d’objectifs, l’Allemagne en revanche propose des objectifs très peu ambitieux (20 % des masses d’eau en bon état). Pour elle, la marge de progrès en sera d’autant plus grande en 2021. Quant à l’Angleterre, elle vise 43 % d’objectifs et a déjà 35 % des masses d’eau en bon état.
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L’état écologique des rivières du bassin demain ? Entre 2006 et 2010, l’état écologique des rivières a progressé de 15 %. Mais il reste encore 30 % à gagner d’ici 2015, et environ 25 % entre 2015 et 2021. En résultat, si les tendances actuelles se poursuivent, 45 % des rivières ou portions de rivières du bassin Seine-Normandie devraient atteindre le bon état dès 2021 alors que l'objectif retenu par la France est de 90 % à cette date. La loi prévoit que les efforts fournis soient appréciés au regard de leur coût et de leur faisabilité technique. Comme l'explique Michèle Rousseau, directrice générale de l'Agence de l'eau Seine-Normandie, la question de la qualité des cours d'eau et des nappes doit être traitée avec pragmatisme, en se fixant des objectifs qui soient atteignables. Nous devons être pragmatiques sur les objectifs d’état écologique que nous retiendrons pour 2021 et ambitieux sur les actions que nous entreprendrons. .
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L'Agence de l'eau Seine-Normandie a publié le bilan 2010 de la surveillance de l'état des milieux aquatiques du bassin Seine-Normandie. Ce document présente l'état qualitatif des masses d'eaux souterraines, superficielles et littorales, évalué selon les principes posés par la directive cadre européenne sur l'eau pour l'année 2010. Bilan 2010 de la surveillance de l’état des eaux du bassin Seine-Normandie : Résultats pour les eaux souterraines, cours d’eau, plans d’eau et eaux littorales L'Agence de l'eau Seine-Normandie a également publié en 2011 une plaquette d'information sur la surveillance et l'état des milieux aquatiques du bassin Seine-Normandie. Ce document présente l'état qualitatif des masses d'eaux souterraines, superficielles et littorales évalué selon les principes posés par la Directive Cadre Européenne sur l'eau. Cette plaquette est composée de 14 fiches thématiques. Surveillance et état des milieux aquatiques du bassin Seine-Normandie Agence de l'eau Seine-Normandie – AESN |