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POLLUTIONS DIFFUSES ET PROTECTION DES CAPTAGES
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L'eau est une denrée alimentaire distribuée publiquement : c'est même la denrée la plus surveillée – L’Europe définit des seuils à ne pas dépasser pour qu’une eau soit potable. Ces seuils sont fixés pour un grand nombre d’éléments, et notamment pour les nitrates (50 mg/l) et pour les pesticides (0,1µg/l pour chaque molécule et 0,5 µg/l pour l’ensemble des molécules). Au-delà de ces seuils, il faut traiter l’eau, la mélanger ou chercher une autre source d’eau. De plus, au-delà d’un certain seuil, il est même interdit de traiter l’eau pour la rendre potable : c'est le seuil de potabilisation, Ce seuil est fixé à 100mg/l pour les nitrates et 2 µg/l pour les pesticides.
Les captages, menacés par les pollutions diffuses
Les pollutions diffuses proviennent de multiples sources réparties sur le territoire : elles ruissellent ou s'infiltrent sur de grandes surfaces pour rejoindre les ressources en eau. À la différence de pollutions ponctuelles, il n'est pas possible d'installer des unités de traitement des rejets. De quelles pollutions s’agit-il ? Ce sont d’abord les nitrates et phosphores. Ces éléments proviennent soit de la fertilisation minérale agricole, soit des rejets liés aux excréments, humains ou animales. Les pollutions peuvent être diffuses (épandages d’intrants notamment) ou ponctuelles (assainissement ou rejet d’élevage non maîtrisé). S’y ajoutent les produits phytosanitaires, utilisés contre les "mauvaises herbes", les insectes ou pour limiter l’impact des maladies des plantes. Ces produits sont utilisés par les agriculteurs, et par les collectivités (entretien des parcs, des trottoirs, etc.), les zones de loisirs (entretien des allées, pelouses), la SNCF, les particuliers pour leur jardin. Viennent encore évidemment les substances dangereuses : les produits industriels, artisanaux, agricoles ou des particuliers ayant un impact sur l’environnement ou la santé. On peut citer les hydrocarbures, les peintures, les détergents, les médicaments, les hormones, certains métaux, etc. Viennent enfin les matières en suspension : des éléments de terre et matières organiques qui sont arrachés au sol par le ruissellement et qui arrivent ensuite dans le milieu naturel. Ce sol, en partant, entraîne de nombreux éléments indésirables. Ce départ de sol est favorisé par la pente, les sols nus quand il pleut beaucoup, l’absence de haies ou de reliefs pour freiner le flux d’eau chargé d’éléments, la présence d’argile dans le sol, le climat, etc.
La pollution diffuse rejoint les rivières ou les nappes d’eau souterraines par ruissellement ou infiltration – Elle est sans doute la plus difficile à cerner en comparaison des pollutions ponctuelles. Alors que l’impact est "invisible" (surtout quand la dégradation est souterraine) le problème est souvent nié et repoussé. Souvent aussi des controverses scientifiques et techniques persistent quant aux solutions, alors même enfin que dans l’hypothèse de traitement, le temps de réponse du milieu reste long, parfois égal à plusieurs dizaines d’années.
Nitrates et phosphores | ||
Produits phytosanitaires | ||
Substances dangereuses | ||
Matières en suspension |
Les pollutions diffuses sont plus difficiles à prévenir ; leurs sources sont nombreuses
– Les acteurs concernés sont variés, indépendants des pouvoirs publics
et soumis à d’autres contraintes ; leur mobilisation demande du temps.
Le résultat demande d'aller au-delà de "bonnes pratiques" et les
solutions techniques, si elles sont connues, demandent une cohérence à
l'échelle de territoire et de filières de production. Elles sont dans
tous les cas plus difficiles à mettre en œuvre qu’une solution "au bout
du tuyau".
Tous les arguments plaident pour une action préventive. Cette dernière est toujours moins coûteuse qu’une action curative. Les systèmes de traitement peuvent aussi avoir des défaillances laissant passer des pollutions ; c’est le cas de captages traités avec une eau qui dépasse ponctuellement les normes, par saturation des capacités de traitement de l’usine. Certains produits sont encore mal retenus par les installations de traitement ; c’est le cas de la molécule AMPA qui est la molécule issue d’un désherbant couramment utilisé, le Glyphosate (Round-up). Les chercheurs s’interrogent aussi sur des "effets cocktails" entre les phytosanitaires notamment, c’est-à-dire des réactions entre les molécules, dont les effets sont mal connus. En tout état de cause, le curatif n’est pas une solution permettant de protéger les milieux naturels, impactés par les pollutions.
L'état des captages dans le bassin de Seine-Normandie – Sur les 6 000 captages d’eau potable du bassin, 1 700 ont une qualité de l’eau considérée comme dégradée ou fragile. La mauvaise qualité de l’eau brute est répartie sur tout le bassin, avec néanmoins une majorité sur les grandes plaines. L’évolution de la qualité de l’eau sur dix ans pour les nitrates ne montre pas d’amélioration ou d’inversion réelle des tendances.
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Protéger 500 captages d'ici 2015 – Sur les 1 700 captages dégradés ou fragiles du bassin Seine-Normandie, l’objectif est d’en protéger 500 d’ici 2015, en l'occurrence les captages les plus menacés qu'il importe de conserver pour l'avenir. L’action de l’agence s’inscrit dans un contexte plus large de politiques publiques, agricoles ou en faveur de l’environnement. Les textes européens comme la directive nitrates de 1991 ou la directive sur l’utilisation des pesticides compatible avec le développement durable (2009) encadrent l’usage et les bonnes pratiques pour les nitrates et les pesticides. En France, ce dispositif est complété par les lois Grenelle qui ont instauré un objectif de réduction de 50 % de l’usage des pesticides d’ici 2018 (traduit par le plan Écophyto) et un objectif de développement de l’agriculture biologique jusqu’à 20 % de la surface agricole en 2020. Le ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt a également lancé en décembre 2012 un "projet agro-écologique pour la France" visant à agir sur l’ensemble de l’agriculture. Ces normes sont aussi celles définissant le bon état des eaux souterraines fixées par la directive cadre européenne pour l’eau. D'autres outils peuvent venir compléter le dispositif de prévention des pollutions, parmi lesquels : la conditionnalité des aides publiques, l'incitation financière (fiscalité notamment), le développement des connaissances, les expérimentations et la formation. Les filières économiques ont déterminé des critères certifiés de qualité compatibles avec la protection de l'eau ; s'y ajoute enfin l'action des consommateurs. La prévention contre les pollutions passe par une combinaison pertinente de ces outils.
Le levier financier de l’agence pour protéger l’eau – 35 millions d’euros par an sur le bassin Seine-Normandie, est cependant sans comparaison avec les aides de la PAC – 1 600 millions d’euros sur le bassin. Pour être efficace, l’agence a donc choisi d’apporter des aides localisées et priorisées. Sur le 10ème programme d’intervention 2013-2018, les aides financières seront quasiment doublées pour atteindre 300 millions d’euros ; le taux d’aide pour la lutte contre les pollutions diffuses et la protection des captages a été majoré à 80 %. Les interventions ciblent les collectivités locales au sens large et les activités économiques qui ont lieu sur l’aire d’alimentation du captage. Les collectivités locales restent les acteurs essentiels de la démarche. Elles sont responsables de l'eau qu'elles distribuent et donc de leurs ressources. Elles doivent protéger cette eau potable et en garantir la qualité. Et de fait, c'est à elles que revient l'initiative d'une démarche de protection.
L’action de l’agence se concentre sur l’accompagnement. Les aides qu’elle accorde concernent en premier lieu la connaissance : l’acquisition de connaissances, le conseil et la formation, les études et les diagnostics. En second lieu, l’agence soutient les investissements comme l’acquisition de matériel alternatif à l’usage des pesticides en zone agricole et zone non agricole ; les investissements pour lutter contre l’érosion ; l’investissement dans les bâtiments d’élevage pour aider à la gestion des affluents, etc. Enfin, l’agence de l’eau apporte une aide "aux travaux" prescrits dans les DUP des captages, à l’acquisition foncière et aux changements de pratique.
Études de cas : dans l'Oise, avec les captages de Baugy et de L'Hospice – Réconcilier agriculture et protection des captages ; dans l'Yonne, avec le captage de la source des Gondards – L'enherbage pour sauver la qualité de l'eau. .
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