La forêt en IsraëlMots clés : techniques de reboisement, utilisations de la forêt, principaux risques et défis, perspectives d'avenir |
La forêt en Israël
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Les utilisations de la forêt
La forêt est utilisée pour la production de bois. On coupe actuellement à peu près 60 000 tonnes de bois par an. 40 % du bois est utilisé pour le chauffage et cette demande est en forte augmentation ; le reste va à la fabrication de palettes ou à la fabrication artisanale de meubles. On utilise en plus les déchets de l'exploitation forestière après broyage, pour la production d’énergie ou de compost. La totalité des grandes usines de transformation du bois ayant ferme il y a une quinzaine d'années, le pays importe du bois pour satisfaire a la plupart de ces besoins.
Les forêts sont aussi des terrains de pâturage pour quelque 100 000 têtes de bétail (bovins, ovins et caprins). Dans le sud, ce sont principalement des moutons qui paissent de février a août, alors que dans le centre et le nord des portions de forêt sont clôturées pour les bovins qui y paissent en permanence. De notre point de vue, le but du pâturage et de réduire la quantité de végétation basse afin de réduire la quantité et la puissance des incendies.
De gros investissements sont réalisés pour la construction de routes et d'aires de pique-nique aménagées, avec eau et sanitaires. Le ramassage des déchets est effectué chaque semaine. Ces dernières années, nous avons créé de nombreuses pistes cyclables. La plupart des visites en forêt ont lieu en hiver et au printemps. Depuis deux semaines, nous avons une floraison intense d'anémones dans le sud-ouest, cette floraison forme d’immenses tapis rouges et attire chaque année des milliers de visiteurs de tout le pays.
Par ailleurs, bien que jouant un rôle modeste du fait de sa taille, la forêt améliore la qualité de l’air, absorbant une partie des gaz a effet de serre. En dépit de la faible quantité de précipitations annuelles (280 mm/an), la forêt de Yatir couvrant 3 000 hectares dans le sud, fixe un taux de carbone de 2,3 tonnes/hectare/an, ce qui est proche de la moyenne mondiale (2,6 tonnes/ha/an). Ce résultat a été fourni par l’Institut de recherche Weitzman qui a construit une station de mesures dans la forêt (cette station participe au réseau mondial Fluxnet coordonné par la NASA).
Enfin, les risques d’inondation sont significativement réduits en dehors des zones désertiques. La forêt ainsi que les 10 000 hectares de savanisation absorbent la presque totalité du ruissellement. Dans le sud, malgré les vents de sable, l’agriculture est devenue possible grâce a la plantations de dizaines de kilomètres de bandes boisées qui servent de brise-vent. La forêt abrite naturellement une faune sauvage qui joue des rôles importants. En Israël, la chasse est peu pratiquée pour des raisons religieuses et culturelles. Sa pratique n'est pas gérée par le service forestier mais par l'autorité en charge de la protection de la nature.
Les principaux risques et défis
Les incendies – Située en zone méditerranéenne ou en zone semi aride, la forêt est sensible aux incendies pendant neuf mois par an. En 2015, on a dénombré 462 incendies de forêt qui ont détruit 753 hectares, soit une moyenne de 1,6 hectare par incendie. La stratégie de lutte contre les incendies est basée sur la détection des feux dès leur naissance. D’avril à novembre, nous disposons des guetteurs sur des tours de guet qui observent la totalité des forêts. Ils sont connectes aux équipes de forestiers et à des camions-citernes prêts à intervenir dès qu’une fumée est détectée à proximité ou dans une forêt. Si ces équipes estiment qu’elles ne parviendront pas à maîtriser l’incendie, elles font appel aux pompiers de l’État ou, dans certains cas, à de petits avions qui viennent alors répandre des produits anti-oxygène. Malheureusement, dans des cas extrêmes de sécheresse et de vent, ces moyens sont insuffisants comme lors du grand incendie de la forêt du Carmel en décembre 2010. Depuis cette catastrophe, nous créons des bandes pare-feu suffisamment larges, pâturées et déboisées, en plus des dispositions habituelles.
Les maladies et les ravageurs – Nous n’avons pas de stations d’observation fixe, mais chaque anomalie constatée est signalée à nos spécialistes et à nos chercheurs. Une fois par an, nous engageons une campagne d'éradication de la chenille processionnaire du pin à cause des réactions d'allergie que leurs poils provoquent. Apres repérage des forêts attaquées, nous répandons par avion des produits biologiques. Contre les insectes ravageurs, nous utilisons autant que possible des moyens de lutte biologique. Nos chercheurs ont réussi à identifier des insectes ennemis de ces ravageurs, puis à les multiplier et les disperser. À l'expérience, cette stratégie s’est révélé la plus efficace et la plus économique. Enfin, nous arrivons parfois à identifier des variétés d’arbres résistantes à ces insectes, par exemple des pins d'Alep en provenance de Grèce qui sont avérés résistants à la cochenille israélienne du pin.
Le développement urbain – Israël a édicté des lois protégeant la forêt : tout développement d’infrastructures ou de constructions en zone boisée est soumis à un processus extrêmement contraignant. Ainsi par exemple, l’extension de la ville de Jérusalem est freinée par l'existence de forêts, de sorte que de nombreux citadins sont contraints d’aller habiter dans d'autres villes à proximité.
Le réchauffement climatique – Les périodes de sécheresse sont courantes en Israël, mais leur intensité et leur longueur ont tendance à augmenter. Elles ont causé la mort de nombreux arbres, exerçant une sélection entre espèces. À partir de l’an 2000 nous avons fait une réévaluation de ces espèces et nous n'utilisons plus désormais que des espèces ou des variétés ayant fait la preuve de leur résistance. Dans le sud, ceci est vrai pour les eucalyptus et les pins, le pin d'Alep s'étant avéré résistant de même que son hybride avec le pin brutia. Les cyprès qui ont été décimés par une maladie et par la sécheresse sont dorénavant remplacés par des clones résistants.
Les perspectives d'avenir
La forêt en Israël est proche de son extension maximale, du fait des conditions écologiques, et de la forte densité de la population dans la zone méditerranéenne. Cette forêt est en train de changer, plus diverse, elle sert de plus en plus à la recréation du public et à la fourniture de services écologiques. Nous la préparons aux changements climatiques à venir en nous efforçant de développer nos connaissances. .
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Originaire de Tunisie, Robert Sitbon est ingénieur diplômé de l'École
supérieure du bois de Paris et l'École nationale du génie rural, des
eaux et des forêts (ENGREF, Nancy). Après son service national, effectué
en Côte d'Ivoire dans la recherche forestière, il a servi la France
quatre ans supplémentaires au Cameroun dans l'enseignement supérieur. Robert Sitbon a émigré en Israël en 1986, et travaille au KKL depuis 1987 en tant qu'ingénieur des forêts. Après voir réalisé plusieurs projets de reboisement et participé activement à l'aménagement des forêts du sud du pays, il effectue aujourd’hui des recherches en amélioration génétique afin d’identifier les espèces et les variétés d'arbres résistantes à la sécheresse. Le KKL, Keren Kayemeth LeIsrael – en français Fonds pour la création d'Israël – est un fonds qui possède et gère plusieurs centaines de milliers d'hectares de terres en Israël. Fondé en 1901 à Bâle (Suisse) en tant que fonds central du mouvement sioniste, il s'occupa du rachat de terres en Palestine et de la préparation des futurs pionniers sur le terrain. En plus de la gestion de ces terres, le KKL oriente aujourd’hui ses activités vers la restauration et la préservation de ces espaces, naturels ou non. |