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Dessin de tracé de fleuve

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Allier-Loire amont
Bourbince : Soutien aux éleveurs

Mots clés : Allier-Loire amont, Bourbince, SMi2B
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BOURBINCE
Le soutien aux éleveurs


Le bassin de la Bourbince compte 16 cours d’eau, mais un seul en bon état : le Verdelin. Si sur l'amont, fortement urbanisé et industrialisé (avec la Communauté urbaine Creusot Montceau), tout le reste de son territoire est très majoritairement rural, avec une grande part des surfaces agricoles consacrée à l’élevage de la race emblématique Charolaise. 

Martine LE BEC
photos MLB
H2o – novembre 2024

 

Ce reportage est l'un des trois volets du voyage de presse organisé le 20 novembre 2024 en Saône-et-Loire par la délégation Allier-Loire amont de l'Agence de l'eau Loire-Bretagne sur le thème de la gestion durable de la ressource en eau à l'aune du changement climatique.

Contexte 
– Depuis les sources de l’Allier, de la Loire et de l’Arroux jusqu’au Nivernais, le sous-bassin Allier-Loire amont couvre 32 628 km2 et il compte 2 millions d’habitants. 28 % de ses cours d’eau et plans d’eau sont en bon ou très bon état et un tiers en état moyen. Néanmoins, dans le département de Saône-et-Loire, seulement 12 % des masses d'eau sont aujourd'hui en bon état.

En ce mois de novembre, pluvieux sur une bonne partie de l'Europe, la Saône-et-Loire traversée, comme son nom l'indique, par deux cours d'eau majeurs apparaît plus verte que tout. Mais sa réalité est devenue aussi trompeuse que son nom : à l'été 2018, 262 communes du département (soit près de la moitié) étaient reconnues en état de catastrophe naturelle pour le phénomène "mouvements de terrain différentiels consécutifs à la sécheresse et à la réhydratation des sols". Le phénomène s'est reproduit en 2019 et 2020, puis en 2022 et 2023 avec des sécheresses chaque année plus précoces et plus longues. 
   

 

Classé en Zone Vulnérable Directive Nitrates depuis le 1er programme d’actions (au début des années 1990), le territoire a particulièrement œuvré depuis les années 2000 pour améliorer ses pratiques de valorisation des engrais organiques (engrais de ferme) et d’épandage. Cependant peu d'attention était alors portée au phénomène d’érosion des berges, induit par la nature des terrains et aggravé par le piétinement des bovins et la disparition de la ripisylve. Le colmatage du lit de la rivière et la pollution organique, à l'étiage conjugués à la forte baisse du niveau des eaux, la baisse de l’oxygène et l'augmentation des températures amplifient dans une très large mesure la dégradation de la qualité des eaux.

Afin d’enrayer ce phénomène, le Syndicat mixte du bassin versant de la Bourbince (SMi2B) a mis en place des actions dont l’objectif est, d'une part, de diminuer les apports en matières organiques et, d'autre part, de restaurer les cours d'eau et les berges par leur mise en défens. En clair, il s'agit d'empêcher l’accès du bétail au cours d’eau afin de limiter les déjections directement dans le réseau hydrographique, la déstructuration des berges et le broutage de la ripisylve. Le cours d’eau constituant souvent l’unique ressource en eau du bétail, sa clôture implique la mise en place de systèmes d’abreuvement. La mise en défens nécessite également la réalisation de systèmes de franchissement (ponts, passages à gué…). 

Benjamin Gauthier, directeur du Syndicat mixte du bassin versant de la Bourbince, SMi2B.

Pont : il doit pouvoir supporter le poids des bêtes mais aussi des engins agricoles. Le syndicat a mis au point avec des entrepreneurs locaux un "kit" béton-bois aisément installable depuis les berges et tout aussi facile à réparer en cas de besoin.

Abreuvoirs : ces deux abreuvoirs sont alimentés par une source située en amont. Selon la configuration de la parcelle, les abreuvoirs peuvent être équipés d'une pompe alimentée par une installation photovoltaïque.

 

Jean-Pierre Tricot, éleveur de charolaises allaitantes à Saint-Vallier, rayonne sur 300 hectares et 420 bêtes. Il avoue s'être montré "plutôt réservé" à la première visite du SMi2B. Finalement, c'est pourtant lui qui a rappelé le syndicat. En réalité, à l'issue de la dernière sécheresse de 2023, débutée dès juin et qui ne s'est achevée qu'en octobre. La parcelle qu'il nous a fait visiter compte désormais 3 abreuvoirs et un pont, sur lesquel il a dû payer un seul abreuvoir (qui reconnaît-il aujourd'hui ne s'imposait pas). Le coût des aménagements principaux (2 abreuvoirs alimentés par un petit réseau gravitaire, plus le pont et 1 km de clôture) s'est établi à 25 000 euros, intégralement financés par l'agence de l'eau, le syndicat et le fonds FEDER. 

Quels avantages en retire-t-il ? D'abord celui d'assurer une eau de qualité à ses bêtes – ce qui n'était plus le cas avec la Limace jusqu'alors poisseuse courant dans le fond de sa prairie ; ensuite, l'assurance de surmonter la prochaine sécheresse – l'argument est devenu "massue" ; enfin, bon sens paysan oblige, une valorisation indéniable de sa parcelle.

Le maître des lieux, Jean-Pierre Tricot, entouré de Benjamin Gauthier et Étienne Bienvenu (SMi2B). À droite : Jean-Pierre Morvan, directeur de la délégation Allier-Loire amont de l'agence de l'eau, et Jean-Baptiste Constant, sous-préfet d'Autun.

224 exploitants agricoles sur les 900 que compte le territoire du SMi2B se sont à ce jour engagés dans la démarche. Ainsi sur les huit dernières années, 80 kilomètres de clôtures, 600 abreuvoirs et 200 ponts et passerelles ont été installés sur plus de 140 kilomètres de cours d'eau. Sur la seule Limace (le cours traversant les terres de M. Tricot) près de 9 kilomètres ont été aménagés, sur un linéaire total de 16 kilomètres. ▄

 

ResSources
Le bassin versant de la Bourbince, d’une superficie de 877 km2, est situé en tête de bassin versant de la Loire. Compris entièrement dans le département de Saône-et-Loire, son territoire compte 260 km linéaires de cours d’eau principaux (la Bourbince et son affluent l'Oudrache) et plus de 590 km linéaires de ruisseaux et rus. 4 lacs et 239 étangs ont par ailleurs été inventoriés, en lien très étroit avec la Bourbince. Cette dernière, qui prend sa source sur la commune de Montcenis, est aussi l’affluent principal de l’Arroux, lui-même affluent direct de la Loire.

Le bassin de la Bourbince est réparti sur 4 EPCI : la Communauté urbaine Creusot Montceau (27 communes), la Communauté de communes du Grand Charolais (20 communes), la Communauté de communes Entre Arroux Loire et Somme (7 communes) et la Communauté de communes du Grand Autunois Morvan (3 communes).

Le SMi2B est soutenu financièrement à hauteur de 50 % par l’Agence de l'eau Loire-Bretagne pour son fonctionnement et pour les investissements qu’il réalise dans le cadre d’un contrat territorial (6 millions d'euros contractualisés sur 3 ans).

Syndicat mixte du bassin versant de la Bourbince – SMi2B

À l’échelle de la délégation Allier-Loire amont, 81 km de cours d’eau ont été restaurés entre janvier et juin 2024. Ce chiffre s'élève à 398 km pour le territoire du bassin Loire-Bretagne.

Afin d'aider les acteurs locaux à anticiper les effets du dérèglement climatique sur la ressource en eau, 40 études Hydrologie Milieux Usages Climat (HMUC) sont en cours couvrant 85 % du bassin Loire-Bretagne. Sur le département de la Saône-et-Loire, l’agence de l'eau finance une étude pré-HMUC portée par le département et visant à rassembler la donnée disponible. L’étude, qui représente un coût de 420 000 euros, bénéficie de l’aide des deux agences Loire-Bretagne et Rhône-Méditerranée.