Campagne des Porteurs d’eau |
Dossier de la rédaction de H2o   |
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June 2010 | ||||||
Danielle MitterrandL’eau est un bien commun de l’humanité, nous sommes tous responsables de sa préservation et de son équitable répartition. agnès b.L'air et l'eau, les indispensables à notre survie. Partageons l'eau comme nous partageons l'air. Dominique Issermanna signé la campagne d’image des Porteurs d’eau. Elle met en scène la feuille d’eau et la prise de conscience du message qu’elle porte : Bertrand DelanoëL’idée que l’on puisse être privé d’accès à l’eau est une idée aberrante au 21ème siècle. Yann Arthus-BertrandL’avenir de l’humanité est intimement lié à l’eau, à sa préservation et à son partage. Un être humain sur trois souffre parce qu’il dispose de trop peu d’eau pour vivre. Je suis persuadé qu’il y a des solutions et suis fier de soutenir Danielle Mitterrand et sa Fondation dans ce combat. et aussi ...Yannick Noah, Laëtitia Casta, Nicolas Hulot, Raï, Manu Chao, Jane Birkin, Titouan Lamazou, Malik Zidi, Marianne Denicourt, Anne Le Strat, Marc Jolivet, José Bové, Jean- Marc Roirant, Evo Morales, Paulo Jobim, Riccardo Petrella, Sylvie Paquerot, Milton Nascimento, Miguel Estrella, Emilio Molinari, Le Dalaï-lama, Mikhaïl Gorbatchev, Paris, Chambly, Plaine Commune, Libourne, le Conseil Général de Gironde, le Conseil Général du Val de Marne, la Ligue de l’Enseignement...
Danielle MITTERRAND
Chers amis Porteurs d’eau et chers amis de la presse, Si je prends la parole ce matin c’est pour vous raconter une belle histoire. Tout d’abord, un peu d’Histoire. Dès la fin de la première "décennie de l’eau", 1980-1990, les témoignages de populations affluent pour dénoncer leurs difficultés à accéder à l’eau, nécessaire à la vie. Des chiffres s’imposent : 1 milliard et demi de personnes dans le monde n’ont pas accès à l’eau potable. Près de 2,6 milliards de personnes n’ont pas accès à l’assainissement. Selon l’OMS, 34 000 personnes dont 6 000 enfants meurent chaque jour pour avoir bu de l’eau non potable. Avant de s’interroger pour savoir si l’accès à l’eau est un droit reconnu ou un besoin à satisfaire, nous nous sommes questionnés sur les raisons d’une telle situation : à l’évidence, l’inégalité dans le partage de l’eau est le reflet le plus inacceptable de la répartition des richesses sur notre terre. Il souligne un manque de volonté politique particulièrement dommageable, voire criminel. Le Sommet de Rio de 1992 aurait pu nous rassurer en déclarant que tout serait mis en œuvre pour qu’en 2000, l’eau soit accessible partout où elle manque encore. Il aurait alors suffi aux organisations comme la nôtre d’être vigilantes. Malheureusement, les bémols n’ont pas tardé à freiner l’espérance. On entend bien que les ressources en eau sont de plus en plus fragilisées par la surconsommation et la pollution, selon les informations réitérées. Sous la pression démographique, la pénurie progresse. Les plus grands dangers sont encore à venir : des conflits liés à l’eau, des engagements trop faibles des pays à hauts revenus, un endettement supplémentaire des pays les plus pauvres pour accéder à l’eau et à l’assainissement… Autant d’arguments ajoutés à ceux de la pollution, du réchauffement de la planète et des extensions des zones arides. À partir de là, se conforte le challenge qui opposera d’une part le dictat de l’argent et de la sécurité par la force et d’autre part, la priorité à la vie défendue par les valeurs humanistes dans une société respectueuse de l’environnement. Les espaces et les acteurs altermondialistes ont permis tout au long de la décennie 2000, de rendre visibles les contradictions fondamentales autour des enjeux de l’eau que masquent les grands rendez-vous internationaux et les discours officiels. Quand, en 1990, à une réunion internationale d’ONG, fut adoptée la charte de Montréal qui stipule le droit à l’accès à l’eau, on voit, la même année, les institutions financières internationales, les IFI, organiser les premières grandes privatisations. Quel paradoxe ! Même chose avec la création du Conseil Mondial de l’Eau – CME, quatre ans plus tard, en point d’orgue au lancement par la Banque mondiale de sa politique générale dans le domaine de l’eau. Ce Conseil qui ne représente que lui-même organise un club business et se présente comme le lieu international de rencontre pour "parler" de l’eau. En fait, tout se joue en marge de l’espace public, dans un jeu d’interactions perverses, puisque toutes les catégories d’acteurs s’y retrouvent en dehors des lieux et des règles habituelles de fonctionnement et de décisions des instances internationales. Tous les trois ans, les membres de ce Conseil se retrouvent pour entendre des déclarations dont je vous laisse juger de la pertinence, du style : "l’eau sera le pétrole du 21ème siècle", affirmation du roi du Maroc ; ou encore "l’eau doit être une marchandise dont le prix est fixé par l’offre et la demande" magnifique constat pêché dans le rapport de Mise en Valeur de l’eau dans le Monde. Maintenant que le Conseil Mondial de l’Eau est présidé par un cadre de Veolia, la lecture du mélange des genres est plus facile. Il faut que cela cesse ! Les altermondialistes, se référant au Manifeste de l’Eau présenté en 1998 simultanément à Lisbonne, à Valence et à Bruxelles ont généré l’acte de naissance du Contrat Mondial de l’Eau, proposé par Mario Soarez et Riccardo Petrella. Au fil des FSM, et des Forum alternatifs mondiaux – FAME, l’eau devient le sujet symbolique des enjeux sociaux et environnementaux, pour en arriver à Caracas, en 2006, à une déclaration conjointe des mouvements et organisations sociales de l’eau. Autour de cette Déclaration, s’est constitué un vaste mouvement des "Porteurs d’Eau" qui se réfèrent à la Charte des Porteurs d’Eau ainsi rédigée :
Mais comment faire comprendre que la politique de l’eau est un préalable à toute construction d’avenir ? C’est en menant une réflexion sur le statut et le rôle de l’eau sur la planète, que nous concluons que nous sommes tous dépendants les uns des autres comme nous dépendons de l’eau pour vivre.
Priver quiconque de l’eau qui lui est nécessaire par cupidité, est un crime. Mais alors ? Alors ? J’ai compris que pour convaincre et entraîner l’adhésion à deux objectifs antinomiques, les mêmes mots employés ne voulaient pas dire la même chose. Aujourd’hui pour arriver à maintenir le statut quo, forts de s’appuyer sur le consensus populaire, les bonimenteurs brouillent les cartes, plus personne ne comprend plus rien et on s’en remet à la fatalité. Quand le représentant d’une grande entreprise multinationale de l’eau parle de l’eau pour tous, il sous-entend pour tous ceux qui peuvent payer. Dans leur conception du monde, L’Humanité se borne aux consommateurs et l’individu n’est qu’un usager… de leur service, de leurs prestations, de leurs entreprises. Nous sommes déterminés à être fermes sur notre vision du rôle vital de l’eau et de sa mission de lien, de rapprochement et de paix ; à argumenter notre conviction avec des mots qui signifient qu’un chat est un chat, et que nous ne nous laissons pas berner. Pour que notre détermination ne se perde pas en chemin nous avions besoin d’un lien pour notre mouvement. J’en ai rêvé et après trois années d’essais manqués, partant de l’idée d’une gourde, c’est pas si bête, nous sommes arrivés à la feuille d’eau. Simplement en lui expliquant en quelques phrases mes engagements et mes ambitions pour défendre le statut et la mission de l’eau universelle, mon ami Philippe Starck a compris immédiatement l’importance du mouvement des Porteurs d’eau et pour nous rejoindre a créé cet objet étonnant. Vous devez vous poser la question, mais pourquoi "feuille d’eau" ? J’ai voulu un objet militant qui soit le signe de ralliement du mouvement des Porteurs d’eau. Avec la feuille d’eau, nous avons trouvé un vecteur de partage pour transmettre le message de l’eau bien commun de l’humanité et du vivant au plus grand nombre et multiplier nos actions pour les populations qui souffrent le plus du manque d’accès à l’eau. Avec le message "Bien commun de l’humanité, l’eau n’a pas de prix", nous provoquons l’esprit du système actuel qui veut que tout soit marchandise. Il ne s’agit plus d’afficher de bons sentiments, il ne s’agit plus d’opposer un manque de financement alors que nous dépensons chaque année 530 milliards d’euros en publicité pour générer de la consommation superflue. Il s’agit aujourd’hui d’enclencher une mobilisation citoyenne et politique, de rassembler un grand nombre de Porteurs d’eau pour que le droit d’accès à l’eau pour tous soit enfin une réalité. Je remercie tous ceux qui nous ont déjà rejoins et ils sont nombreux. Un certain nombre sont là parmi nous aujourd’hui et je les salue. Je remercie tout particulièrement Agnès qui nous soutient depuis de longues années et nous accueille aujourd’hui, Dominique pour sa participation à nos côtés et pour la création de la photo de la campagne et enfin Philippe qui marque de son engagement citoyen cette belle aventure. .
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