Megève septembre 2010 |
La 8ème conférence du groupe EURO-RIOB des organismes de bassin européens pour l’application de la Directive Cadre sur l’Eau s'est tenue en concomittance avec les États généraux de l’eau en montagne, le Congrès international des hauts bassins versants.
l'interview de Pierre ROUSSEL
La conférence EURO-RIOB a cette année été organisée en concomitance avec le 3ème Congrès international des hauts bassins versants. Quel était l’ordre du jour de cette rencontre ou, à proprement parler les points de rencontre, entre la montagne et la Directive Cadre sur l’Eau ?La conférence se tenant dans les Alpes, le focus a naturellement été mis sur les caractéristiques des hydro-régions et masses d’eau des montagnes européennes, têtes de bassin, car c’est aussi dans les Alpes, que les principaux fleuves européens ont leur source. Pour le RIOB, cela est d’autant plus symbolique que le réseau est lui-même né ici dans les Alpes, en fait à Aix-les-Bains, en 1994, sur une initiative de Michel Barnier alors ministre de l’Environnement. L’objectif était de réunir les organismes publics – ou entreprises d’État comme Hydro-Québec, ayant en charge la gestion de l’eau sur un bassin. Très rapidement est apparu l’intérêt de constituer des réseaux régionaux ou continentaux ; les premiers ont été les Latino-américains, dont le réseau a été impulsé par le Mexique et le Brésil. L’idée a progressivement essaimé et de nouveaux réseaux régionaux ont été créés sur l’Europe, la Méditerranée, l’Europe centrale et orientale, et depuis lors sur l’Asie, l’Asie centrale, l’Afrique et l’Amérique du Nord. En Europe, le réseau EURO-RIOB s’est évidemment très largement structuré autour de la mise en œuvre de la Directive Cadre européenne sur l’Eau – DCE, étant entendu que cette directive nous fournit un cadre commun, assorti d’une obligation de résultats. À chacune des rencontres annuelles de l’EURO-RIOB, se pose donc la question de l’avancement dans la mise en œuvre de la directive. Très concrètement, la situation varie considérablement d’un État à l’autre, en fonction évidemment des cadres, institutionnels mais aussi techniques, disponibles. Dans certains pays, comme par exemple au Portugal, il a fallu faire une nouvelle loi. Cependant si la Commission européenne est juridiquement habilitée à sanctionner les retards, en réalité l’important est que chaque État se dote du cadre et des outils requis ; les derniers "partis" profitent évidemment de l’expérience des autres. Récemment sont apparues des préoccupations nouvelles, notamment liées aux changements climatiques. Cette "intrusion" est récente puisqu’elle date d’à peine trois ou quatre ans. Comment nous adapter à cette nouvelle donne ? Quelles seront les conséquences sur les plans de gestion ? Quelles mesures notamment techniques vont s’imposer ? Nous devons d’ores et déjà prévoir une détérioration de la qualité de la ressource, par exemple dans les agglomérations du littoral qui pourront être confrontées à une augmentation de la salinité des eaux. Ces phénomènes climatiques rendent plus complexe la coordination avec les directives "filles" de la DCE : la Directive Eaux souterraines, adoptée en 2006 ; la Directive Inondations, adoptée en 2007 ; la Directive Stratégie pour le milieu marin, adoptée en 2008. La directive sur la protection des eaux souterraines ainsi que la directive sur la gestion des inondations se sont très largement "calées" sur la DCE, tant sur calendrier que sur l’organisation ; ceci facilite leur transposition dans la législation des États-membres. Les choses sont beaucoup plus floues concernant la stratégie pour le milieu marin ; la question appelle de facto une coordination internationale – par exemple en Méditerranée, entre l’Espagne, la France et l’Italie – ; son application est par ailleurs très liée à la mise en œuvre de la directive sur les eaux résiduelles urbaines, qui reste dans bien d’endroits problématique.
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