L'Université de l'Eau 2002 Val-de-Marne |
Dossier de Martine LE BEC et Martin SEIDL   |
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April 2002 | |
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La démocratie est-elle soluble dans l'eau ?
Débat public16 mai 2002 – Hôtel du Département du Val-de-Marne
Une question qui en contient d'autres : La gestion de l'eau peut-elle devenir l'affaire des citoyens ? Dans quelles conditions ? Quelles sont les expériences menées sur le terrain, tant en France que dans le monde. Les possibilités d'une gestion participative des ressources en eaux a constitué le cœur du débat proposé le 16 mai dernier par l'Université. Des intervenants venus des cinq continents étaient là pour témoigner. L'eau est universelle, mais ni sa distribution géographique ni sa disponibilité ne peuvent être qualifiées de "démocratiques". Les pays riches sont ici "naturellement" plus "favorisés". Au El Salvador seulement 40 % de la population a accès à l'eau potable tandis que les précipitations annuelles de plus de 1 800 mm assurent en excédant hydrique. Néanmoins, l'eau peut se partager. La région de Val-de-Marne en est un bon exemple : elle produit presque trois fois plus d'eau potable qu'elle en consomme. Cependant le partage - ou transfert - n'avantage pas toujours les populations. Selon un des experts engagés aux côtés de la BRL (Compagnie Nationale d'aménagement du Bas-Rhône et du Languedoc) pour étudier le transfert de l'eau de la France pour l'approvisionnement de Barcelone, il y aurait suffisamment d'eau au Nord de Barcelone, à condition de veiller à une répartition équitable entre les différents usagers (industriels, agricoles et domestiques). La distribution d'eau en provenance de France rapportera d'énormes rentrées à la compagnie distributrice, mais que de soucis aux agglomérations qui seront traversées par le nouveau canal… Plus globalement, la distribution planétaire échappe au pouvoir humain, mais l'accès à l'eau potable ou aux services d'assainissement sont affaire de tous. La relativité de cette hypothèse a été particulièrement bien illustrée par Jean-Luc Touly, de l'AFCME (Association Française pour le Contrat Mondial de l'Eau). En France 80 % des usagers sont desservis par les trois entreprises privées : Générale des Eaux (groupe Vivendi), Ondeo (groupe Suez) et Saur (groupe Bouygues). La forte privatisation du secteur n'a cependant pas, estime l'intervenant, amélioré la qualité d'eau au robinet ; preuve en est, la consommation d'eau en bouteille qui a progressé de près de 20 % sur les dix dernières années. L'intervenant précise aussi que la gestion privée coûte pourtant en moyenne 25 % plus chère à la collectivité que la gestion publique. L'instauration de comités consultatifs d'usagers n'a pas eu là-dessus beaucoup d'effets. Ces comités restent pour l'instant trop peu nombreux, s'ils ne se heurtent pas à d'invraisemblables barrages pour obtenir les informations nécessaires à leur mission de contrôle. La vérification des coûts - lorsqu'elle peut être effectuée - met pourtant en lumière des pratiques qui coûtent cher aux contribuables comme le reversement tardif (jusqu'au 12 mois du retard) des taxes à l'État et la non-restitution des provisions pour travaux. Un intervenant du public a ainsi évoqué des montants ayant atteint plusieurs centaines de millions des francs dans la communauté urbaine de Lyon. La personne a cependant souhaité rester anonyme, plusieurs actions en diffamation ayant été engagées par les sociétés à l'encontre des associations les plus engagées dans ce "combat". La transparence dans la gestion de l'eau n'est pas encore vraiment de mise. Une intervention du SIAAP (Syndicat Interdépartementale de l'Assainissement de l'Agglomération Parisienne) a mis l'accent sur les choix politiques, qui prévalent souvent sur les choix techniques ou économiques.. A-t-on le droit de polluer pour dépolluer ? L'usine d'Achères, traite par voie biologique plus de 2 000 000 m3/jour d'eaux usées en provenance de la région parisienne. Un système physico-chimique hyper compact, construit recemment par OTV (groupe Vivendi) permet de doubler la capacité de l'usine ; mais engendre des importations de polymères floculants de Belgique : quinze camions par jour. À qui peuvent profiter de telles solutions ? Le combat est mondial. Jurandir de Santos Novaes, représentant de la municipalité de Belém do Para, au Brésil, a permis d'illustrer le propos. La ville de Belém compte plus de 300 000 habitants, mais un quart d'entre eux seulement est desservi par la municipalité à des tarifs beaucoup plus avantageux que ceux du privé. L'État brésilien continue cependant de refuser la concession à la ville, qui finalement s'est décidée à entrer dans un combat juridique pour en finir avec le monopole d'État et les privatisations imposées. L'association brésilienne contre la privatisation de l'eau prépare actuellement La caravane de l'eau, qui se déroulera en forêt amazonienne. Le 22 mars 2003, journée mondiale de l'eau, trois équipes partiront sur les fleuves Amazone et Madeira pour se rejoindre au bout de quelques milliers de kilomètres à Manaus. Leur mission est aider à la prise de conscience, par les riverains, de l'importance de leur patrimoine écologique, unique pour l'humanité. .
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