Olivier BOMMELAER – AESNMots clés : AESN, agence de l'eau Seine-Normandie, aide publique, assainissement, coopération, développement, eau, politique de l'eau |
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![]() La fin des plaidoyers et le début de l'action
l'interview de Olivier BOMMELAER
Un peu plus de 24 mois après Johannesburg, quel bilan feriez-vous des politiques de coopération internationale en matière d’eau et d’assainissement ?Entre 2000 (le second forum mondial de l’eau de La Haye) et 2002 (le sommet de Johannesburg, suivi du forum de Kyoto), l’eau a progressivement été mise en relief pour s’inscrire aujourd’hui au premier rang des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). Mais il y a un paradoxe : alors que l’on a jamais autant parlé l’eau, on ne s’est aussi jamais autant financièrement désintéressé du domaine. Les grands groupes privés affichent dorénavant à l’égard du secteur un intérêt très mesuré : Bouygues vend la Saur, Suez s’affiche en grand sur l’électricité (qui représente aussi 70 % de son activité) et la Générale des Eaux n’est plus qu’une petite partie de Veolia, elle-même petite partie de Vivendi. L’eau n’est pas un secteur qui va bien, l’eau n’est pas un secteur rentable. Il en va de même de l’aide publique bilatérale. En l’espace de 15 ans, de 1982 à 1997, celle-ci était passée de 500 millions de dollars par an à 2,7 milliards. Elle est, en 2001, retombée à 1,4 milliard. Si dans les grandes agences d’aide, les "alibis" sont relativement aisés ("Nous n’avons pas suffisamment de demandes sur l’eau", "Les Africains ne demandent pas de l’eau, mais de l’électricité et des télécoms"…), il ne faut pas se voiler la face : il n’y a pas d’argent pour l’eau, les gros bailleurs de fonds sont en crise : en l’espace de 3 ans, l’aide annuelle du Japon, le plus grand pays donateur, s’est effondrée de 950 millions de dollars à 300 et quelques millions de dollars. Il en est de même pour l’Allemagne qui a fortement réduit ses engagements…La France, troisième bailleur bilatéral du secteur, fait exception, avec l’engagement du président Chirac au G8 d’Evian de doubler notre aide eau sur l’Afrique, ce qui représenterait près de 200 millions d’euros supplémentaires. De même, le Sénat français vient d’approuver à l’unanimité une proposition de "petite loi" autorisant tous les maîtres d‘ouvrages décentralisés et les agences de l’eau à financer des actions de solidarité internationale à concurrence de 1 % de leurs budgets d’eau, (ces contributions seront prélevées sur la facture d’eau). Cette loi attend son tour au Parlement et nous donne beaucoup d’espoir, d’autant qu’elle a constitué une initiative française remarquée à Johannesburg et donnerait des idées à tous nos collègues européens.
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