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Dessin de tracé de fleuve

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WWDR 2025

Rapport mondial des Nations unies sur la mise en valeur des ressources en eau

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Titre WWDR 2025 
Rapport mondial des Nations unies 2025 sur la mise en valeur des ressources en eau
Éditeurs UNESCO
pour le compte de
UN Water
sous la coordination de Michela Miletto et Richard Connor
ISBN 978-92-3-200337-9
Pages 196
Sortie 2025

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Rapport
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UN Water / UNESCO

Montagnes et Glaciers, des châteaux  d'eau

 

Quel que soit l'endroit où nous vivons, nous dépendons tous d'une manière ou d'une autre des montagnes et des glaciers. Mais ces châteaux d'eau naturels au rôle essentiel font face à un péril imminent. Ce rapport démontre non seulement l’urgence à agir mais aussi que les solutions les plus efficaces sont nécessairement multilatérales.

Audrey Azoulay

directrice générale de l'UNESCO

Si l'eau descend des montagnes, l'insécurité alimentaire, elle, augmente avec l’altitude. Les montagnes de la planète fournissent 60 % de notre eau douce, mais les communautés qui protègent ces ressources vitales comptent parmi les plus touchées par l'insécurité alimentaire. Nous devons investir dans leur résilience pour protéger les glaciers, les rivières, et notre avenir commun à tous.

Alvaro Lario
président du Fonds international de développement agricole (FIDA) et président d'ONU-Eau 

 

Le Rapport mondial 2025 des Nations unies sur la mise en valeur des ressources en eau, publié par l'UNESCO pour le compte d’ONU-Eau, révèle à quel point le dérèglement climatique, la perte de biodiversité et les activités non durables transforment les environnements montagneux à un rythme sans précédent. Les ressources en eau dont dépendent des milliards de personnes et d'innombrables écosystèmes sont ainsi menacés. Il est désormais urgent de mettre en place une coopération internationale ainsi que des stratégies et des actions d'adaptation pour faire face à la crise en cours dans nos montagnes et nos glaciers.  


Deux milliards de personnes dépendent des eaux de montagne

Selon le Rapport mondial 2025 des Nations unies sur la mise en valeur des ressources en eau, les montagnes fournissent jusqu'à 60 % des flux annuels d'eau douce dans le monde. Plus d'un milliard de personnes vivent dans des régions montagneuses, et plus de deux milliards dépendent directement de l'eau provenant des montagnes pour leur eau potable, leurs installations sanitaires et leurs moyens de subsistance.

Les régions montagneuses sont vitales pour des secteurs tels que le pastoralisme, la sylviculture, le tourisme et la production d'énergie. Dans les pays andins, 85 % de l'énergie hydroélectrique provient des zones montagneuses. Les montagnes fournissent également des produits de valeur tels que des plantes médicinales, du bois et d'autres produits forestiers, du bétail propre aux régions montagneuses et des produits agricoles spécialisés qui dépendent tous de l'eau.

Cependant, le rapport indique que les glaciers du monde entier fondent à un rythme sans précédent et que les eaux de montagne sont souvent les plus exposées et les plus vulnérables aux graves conséquences des perturbations du climat et de la biodiversité.

Aujourd'hui, la situation est critique : jusqu'à la moitié des habitants des zones montagneuses rurales des pays en développement souffrent d'insécurité alimentaire, en premier lieu les femmes et les enfants. À l’échelle mondiale, le rapport révèle que le recul des glaciers et la diminution des chutes de neige dans les montagnes vont impacter deux tiers de l'agriculture irriguée dans le monde et auront des conséquences importantes pour la grande majorité de la population.

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Le recul des glaciers n'est que la partie visible de la menace

Si les images du recul des glaciers sont celles qui frappent le plus l'attention du public, elles ne sont qu'un exemple des changements rapides qui se produisent dans les zones montagneuses. Dans de nombreuses régions, les flux d'eau douce dépendent davantage de la fonte saisonnière du manteau neigeux que des glaciers.

En raison du dérèglement climatique, les changements rapides dans la quantité, la fréquence et la régularité des chutes de neige perturbent gravement l'approvisionnement en eau. Ils créent des environnements instables pour la biodiversité et des conditions imprévisibles pour les moyens de subsistance des populations. Au Japon, par exemple, l'emblématique manteau neigeux du mont Fuji, site classé au patrimoine mondial de l'UNESCO, est apparu récemment un mois plus tard qu’à son habitude.

Ces changements dans les précipitations augmentent également le risque de catastrophes naturelles telles que les sécheresses et les inondations dues aux débordements des lacs glaciaires. En Amérique du Nord, le fleuve Colorado, qui alimente environ 40 millions de personnes, tire l'essentiel de son eau des chutes de neige dans les montagnes Rocheuses. Le bassin du fleuve est en proie à la sécheresse depuis l’an 2000. La situation pourrait s'aggraver en raison du réchauffement des températures qui fait que davantage de précipitations tombent sous forme de pluie, laquelle s'écoule plus rapidement que la neige des montagnes.

Le dérèglement climatique se fait également sentir dans les régions montagneuses où l'on n'enregistre ni glaciers ni fonte des neiges, et où les flux d'eau proviennent plutôt des précipitations. Dans les régions tropicales, comme à Madagascar, l'évolution des eaux de montagne a une incidence sur l'irrigation des cultures de cacao, de riz et de fruits qui comptent parmi les principales exportations agricoles de l'île.


Une approche multilatérale pour des solutions efficaces

Malgré le rôle essentiel des régions montagneuses, le rapport souligne qu’elles sont largement absentes des priorités mondiales. Les politiques nationales en matière d’eau, d’agriculture, d’industrie et d’énergie privilégient généralement les bassins fluviaux plus peuplés, tandis que les montagnes reçoivent une attention moindre et se voient souvent réduites à de simples sources pour les usagers en aval. Cette année est marquée par la toute première Journée mondiale des glaciers, le 21 mars, soulignant l’urgence d’une action internationale immédiate et coordonnée, en lien avec la Journée mondiale de l’eau le 22 mars. L’UNESCO co-dirige cette journée aux côtés de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), ainsi que l’Année internationale de la préservation des glaciers 2025, une initiative mondiale visant à mobiliser des ressources et des engagements pour la conservation des glaciers. L’Organisation co-dirige également la Décennie de l’action pour les sciences cryosphériques (2025-2034), destinée à faire progresser la recherche scientifique et les solutions politiques.

Ces grandes initiatives doivent donner un nouvel élan à la coopération internationale en faveur de la protection des glaciers et des eaux de montagne. De nombreuses chaînes de montagnes et les services écosystémiques qu’elles fournissent sont transfrontalières par nature : des traités ou accords peuvent renforcer la coopération en facilitant le partage de données et d’informations, contribuer à combler les lacunes en matière de capacités techniques humaines et institutionnelles, et encourager le dialogue ainsi que la diplomatie.


S’inspirer des projets de coopération existants

Face à l’aggravation de la crise exposée dans le rapport, une adaptation rapide à cette nouvelle réalité s’impose, ainsi qu’un renforcement de la sécurité hydrique mondiale grâce à la recherche scientifique, à la coordination des politiques et à des actions concrètes sur le terrain.

En Asie centrale, l’UNESCO a récemment mobilisé 12 millions de dollars pour réduire les risques de catastrophes et renforcer la coopération scientifique, notamment grâce à un nouveau système régional de surveillance des glaciers déployé cette année sur les massifs glaciaires transfrontaliers de la région.

L’UNESCO met également en place un système d’alerte précoce aux inondations au Kazakhstan, au Kirghizstan et en Ouzbékistan, qui contribuera à protéger plus de 100 000 personnes menacées par les crues soudaines des lacs glaciaires.

En Afrique, l’UNESCO pilote le projet "Débloquer le potentiel du château d'eau du Kilimanjaro", financé à hauteur de 8 millions de dollars par le Fonds mondial pour l’environnement. Ce projet bénéficiera à plus de 2 millions de personnes en Tanzanie et au Kenya qui dépendent directement des eaux du plus haut sommet d’Afrique. Des experts des deux pays vont cartographier les systèmes aquifères de la région et fournir un accès direct à l’eau potable à 100 000 personnes supplémentaires. Ils amélioreront également le stockage et l’approvisionnement en eau souterraine pendant la saison sèche. Cette initiative permettra en outre de restaurer 400 km2 de forêts de nuages dégradées et de renforcer la gestion de plus de 17 000 km2 de zones protégées. 


Au sommaire de ce rapport 
: Chapitre 1 : Introduction – Chapitre 2 : Modifications de la cryosphère et conséquences sur les ressources en eau – Chapitre 3 : Alimentation et agriculture – Chapitre 4 : Établissements humains et réduction des risques de catastrophes – Chapitre 5 : Industrie et énergie – Chapitre 6 : Environnement – Chapitre 7 : Perspectives régionales – Chapitre 8 : Renforcement des savoirs et des capacités – Chapitre 9 : Gouvernance et financement – Chapitre 10 : Conclusions.

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