ASSEMBLÉE NATIONALE
1 379 espèces végétales exotiques sont recensées en France,
dont 1 à 10 % deviennent invasives.
La France est particulièrement touchée par la prolifération des plantes invasives et ce phénomène tend à s’amplifier, aussi bien en métropole, en raison notamment de sa situation géographique et de son climat tempéré, qu’en outremer qui concentre 80 % de la biodiversité terrestre et maritime de notre pays et où est présente plus de la moitié des espèces les plus envahissantes. Outre les coûts économiques engendrés par les pertes de production, les coûts de contrôle, d’éradication, de suivi, de restauration ou encore la perte de tourisme estimés à 38 millions d’euros par an pour les espèces exotiques végétales et animales, la prolifération d’espèces invasives est aujourd’hui considérée comme la deuxième cause d’extinction des espèces par le GIEC. Des conséquences sous-évaluées – Les plantes invasives ont des conséquences sous-évaluées sur la biodiversité, le fonctionnement des écosystèmes mais aussi sur la santé humaine. S’agissant de la perte de biodiversité, des extinctions locales et globales sont dues aux impacts des plantes, qu’ils soient directs (compétition des espèces) ou indirects (émission de composés biochimiques qui empêchent le développement d’autres organismes). L’altération du fonctionnement des écosystèmes résulte pour sa part de la perte de biodiversité ou du changement de la chimie du sol ou de l’eau. Les plantes envahissantes représentent un coût économique important parmi lesquels on retrouve les pertes de production, les coûts de contrôle, d’éradication, de suivi, de restauration ou encore la perte de tourisme à la suite de la dégradation du paysage. Ainsi, par exemple, l’arrachage mécanique et manuel de la jussie à grandes fleurs (Ludwigia grandiflora) sur les berges de l’Adour, dans les Landes, a coûté 441 000 euros entre 2016 et 2020. Par ailleurs, certaines plantes constituent un risque important pour la santé humaine comme l’ambroisie à feuilles d’armoise, du fait des propriétés allergisantes de son pollen, ou la berce du Caucase qui peut provoquer des brûlures cutanées par contact. Une gestion difficile et onéreuse – Il est difficile, voire quasiment impossible, d’éradiquer une espèce envahissante une fois installée. Par ailleurs, les techniques de gestion ont souvent un coût élevé et sont difficiles à mettre en œuvre. Si l’utilisation des produits phytosanitaires doit être évitée, dans une démarche de limitation des usages, les procédés manuels ou mécaniques sont long et nécessitent une main-d’œuvre importante. Ces difficultés sont encore accrues en milieu aquatique. Aussi, du fait des coûts et des moyens qui restent limités, les rapporteurs recommandent de concentrer les efforts de gestion sur les milieux les plus exposés, bien qu’à ce jour, les acteurs locaux ne disposent d’aucune cartographie soulignent-ils. Enfin, la gestion des déchets constitue une difficulté en soit. Le transport constitue un risque de dissémination élevé dans des milieux non infestés. Quant à la valorisation (compostage, incinération, méthanisation), elles nécessitent des équipements permettant une gestion à grande échelle et adaptée aux caractéristiques des espèces (par exemple, la renouée du Japon nécessite une méthanisation à très haute température pour une durée d’au moins huit mois). Prévenir plutôt que gérer – Le coût économique de la prévention et la biosécurité sont inférieurs au coût de la gestion, lui-même très inférieur aux dommages économiques provoqués par les plantes invasives. C’est à ce titre que les auteurs du rapport préconisent une action à deux niveaux : prévenir l’introduction et la dissémination des plantes invasives plutôt que de les gérer et les gérer pour ne pas en subir les dégâts.
23 RECOMMANDATIONS POUR : I. ENCOURAGER LA RECHERCHE RELATIVE AUX INVASIONS BIOLOGIQUES II. FAVORISER LA PRÉVENTION DES INTRODUCTIONS III. AMÉLIORER LA RÉACTIVITÉ ET LA COORDINATION DES POLITIQUES DE GESTION |