La guerre de l'eau aura-t-elle lieu ?Mots clés : guerre de l'eau, raréfaction, géopolitique |
Nguyen TIEN-DUCL'eau est une ressource renouvelable, mais pas inépuisable Nous disposons aujourd'hui de la mienne quantité qu'à l'aube des temps, mais pour une population qui s'accroît à un rythme explosif. De 2,5 milliards en 1950, nous sommes passés à 6 milliards en 2000 et nous serons 9 milliards en 2050, avec comme conséquence une pression considérable sur la ressource disponible. L'enjeu est d'autant plus vital que trois pays sur quatre, souvent politiquement, culturellement et économiquement différents, sont riverains des mêmes fleuves internationaux et doivent se partager la même eau pour répondre à tous leurs besoins En absence d'entente pour un usage raisonnable et équitable, l'eau deviendra une véritable source de tensions qui peuvent dégénérer en conflits. Depuis que cette question du partage de l'eau des fleuves internationaux s'est posée lors de la première conférence mondiale sur l'environnement à Stockholm, voilà, plus de 30 ans, les rencontres mondiales se sont multipliées, avec chaque fois des déclarations affables et des proclamations enflammées. Mais, peut-on pour autant considérer que les peuples auront la sagesse d'établir sans heurts un partage raisonnable d'une ressource qui se raréfie ? Cette eau, qui ignore les frontières établies par les hommes, peut-elle constituer en définitive un maillon qui les unit au lieu de les déchirer ? LA GUERRE DE L'EAU : MYTHE OU RÉALITÉ ?L'eau convoitée extrait Deux grands fleuves sur trois, soit plus de 250 dans le monde, recouvrant près de la moitié de la surface de la planète, sont partagés entre deux ou plusieurs pays ; deux personnes sur cinq y vivent et dépendent ensemble de l'eau de ces fleuves; trois pays sur quatre partagent la même eau avec les pays voisins et, parmi ceux-ci, un sur six reçoit jusqu'à plus de la moitié de son eau de pays situés plus en amont. Dans les vallées de ces fleuves, l'explosion démographique, l'accroissement considérable des consommations d'eau domestique, industrielle et agricole, auxquels s'ajoute parfois une mauvaise gestion de la ressource, se conjuguent pour aggraver, comme ailleurs, la situation de pénurie et le sentiment de stress hydrique de leur population. Mais, ici plus qu'ailleurs, l'équation entre la disponibilité et les besoins devient chaque jour plus difficile encore à résoudre. Car l'eau y revêt une difficulté supplémentaire : elle ne connaît pas les tracés des frontières fixés par les États. Elle est transnationale, transfrontalière, mais son utilisation par certains Etats qu'elle traverse n'est pas souvent acceptée par d'autres situés sur le même fleuve. S'il en est ainsi, c'est que, sur ces fleuves transfrontaliers, dès que l'eau vient à manquer et qu'elle n'est plus suffisante pour satisfaire les besoins quotidiens indispensables à tout le monde, la méfiance s'installe rapidement. L'aval, de peur de manquer d'eau, se met à surveiller attentivement la quantité que l'amont utilise, ainsi que l'usage qu'il en fait. L'entente entre riverains s'avère immédiatement impossible et l'eau devient alors objet de farouches convoitises.
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