L'empire de l'EauSuez Bouygues et Vivendi – Argent politique et goût du secret Mots clés : Bouygues, Veolia, Vivendi et Suez-Lyonnaise des Eaux, majors de l'eau, argent, politique, goût du secret |
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Yvan STEFANOVITCHGoutte d'eau, gouttes d'or ? Lorsque vous payez votre facture d'eau, serait-il possible que vous contribuiez ainsi à alimenter les fonds des grands partis politiques français ? Tel est le fruit du mariage, depuis un siècle et demi, entre des élus et trois groupes privés : Bouygues, Vivendi (rebaptisé Veolia) et Suez-Lyonnaise des eaux. Dans la corbeille, l'Etat a déposé des pans entiers du service public : eau, électricité, traitement des ordures, chauffage urbain, téléphone mobile, télévision et, suprême récompense, le BTP. D'anciens hauts fonctionnaires sont alors placés aux commandes de ces entreprises. L'empire de l'Eau raconte par le menu ces relations étroites, de Napoléon III jusqu'à Delanoë, en passant par Santini, Hue, Mitterrand, Carignon et Chirac, au fil d'une diagonale droite-gauche parfaitement œcuménique. Mais, aujourd'hui, rien ne va plus. Les bénéfices stagnent et les consommateurs se rebiffent. Des élus, dont Laurent Fabius ou Henri Emmanuelli, osent demander des comptes aux trois "majors" et se prononcent en faveur d'une gestion municipale de l'eau, bien moins chère et plus transparente. Depuis cinq ans, les rois de l'eau ont ainsi perdu les contrats de Grenoble, Cherbourg, Bastia et de la plupart des communes landaises au profit de régies municipales. Résultat : Bouygues sort de l'eau, Suez parie sur l'électricité et Veolia sur la Chine.
Quand de récents procès mettent en lumière l'implication de ces entreprises dans les affaires d'emplois fictifs du RPR, de marchés truqués en Ile-de-France, de fausses factures sur les HLM de Paris, le lecteur trouvera légitime et civique de s'intéresser avec l'auteur au commerce de l'eau.
L'auteur – Ancien journaliste à l'AFP et à VSD, Yvan Stefanovitch collabore aujourd'hui à Paris-Match. |