Coupures d’eau, Victoire des citoyens face aux multinationalesMots clés : coupures d’eau, lentillage, tribunaux, conseil constitutionnel, dignité, droit à l'eau |
COLLECTIF
Ce que révèle aussi cet ouvrage, c’est que l’égalité et la dignité humaines n’adviendront que dans le cadre d’une société qui respectera enfin les communs naturels et leurs droits, les droits de la nature. Alors que le Président de la République, aveuglé par son anthropocentrisme et sa foi en la croissance productiviste, dénonce les défenseur.e.s de la nature comme étant des anti-humanistes notoires, ce livre répond de manière poignante, argumentée, et extrêmement concrète. Il montre que nous avons besoin d’une approche renouvelée de l’eau, qui ne serait plus considérée comme une ressource, mais comme un commun. Qui verrait son droit à se régénérer à un rythme naturel reconnu. Et qui, ainsi préservée, serait rendue disponible à toutes et tous, non pas en fonction de ses moyens, mais des besoins pour garantir l’égale dignité.
Cet ouvrage est le récit d’une victoire, celle de David contre Goliath. David, ce sont ces foyers que l’on prive de conditions de vie digne et qui, heureusement, ont rencontré le soutien d’associations. Goliath, ce sont les multinationales de l’eau qui, malgré l’interdiction légale et les condamnations, ont continué de faire fi de la loi et coupé l’eau à de milliers foyers pour non-paiement des factures. Aux côtés de la Fondation Danielle Mitterrand et de la Coordination Eau Île-de-France, le courage de ces citoyens bafoués a déchiré le silence imposé pour clamer haut et fort les principes du droit à l’eau pour tous. Le 29 mai 2015, le Conseil constitutionnel rendait son verdict : l’interdiction de couper la distribution de l’eau pour impayé est conforme à la Constitution. Il n’y croyait plus. Lorsque le Tribunal de grande instance d’Amiens ordonna le rétablissement de la fourniture d’eau à Arnaud, le 19 décembre 2014, cela faisait 621 jours que Saur avait procédé à la coupure de l’alimentation en eau de son logement. Un an et sept mois ! Quelques mois auparavant, c’étaient Suez, Veolia ou encore Noréade qui étaient condamnées par la justice pour coupures d’eau illégales. Ces condamnations faisaient suite à l’interdiction pour les distributeurs d’eau de procéder à des coupures auprès de leurs usagers pour non-paiement des factures, quelle que soit la période de l’année. En dépit de l’entrée en vigueur de cette interdiction, en février 2014, les distributeurs d’eau en France ont continué de priver d’eau des milliers de foyers tous les mois, parfois sans préavis, sans chercher un arrangement, négligeant le plus souvent la situation économique et sociale des usagers précaires. Face à cette injustice, des citoyens ont décidé de rompre le silence. Ils se sont tournés vers la Fondation France Libertés et la Coordination Eau Île-de-France afin de faire valoir ensemble le droit à l’eau pour tous.
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