Éditorial de Bernard Guirkinger
Président-directeur général de Lyonnaise des Eaux
Le service public de l'assainissement connaît de profondes évolutions depuis une vingtaine d'années. Les collectivités locales ont consenti, avec l'appui des agences de l'eau, à des efforts très importants pour améliorer leurs systèmes d'assainissement et répondre ainsi aux défis de la protection de l'environnement.
Mais force est de constater que les objectifs de respect des normes communautaires n'ont pas tous été atteints dans les délais requis et que de nouveaux enjeux sont apparus tels qu'une meilleure gestion des boues, la prise en compte des eaux pluviales ou un besoin de réforme de l'assainissement non collectif. Et si, dans la plupart des cas, les projets d'investissement sont bien avancés et la régularisation des situations des plus grandes agglomérations programmée, les efforts ne doivent surtout pas être relâchés.
La directive cadre sur la politique communautaire de l'eau nous fixe en effet une nouvelle échéance, 2015, mais elle impose surtout une révolution dans notre approche de l'assainissement en instituant une obligation de résultat et non plus seulement de moyens.
Ce texte fondateur correspond à la demande de la société française qui met de plus en plus en relation l'assainissement, le cadre de vie, l'environnement et la santé.
Si la notion de "bon étatécologique et chimique des eaux", contenue dans la directive cadre est encore délicate à cerner, la direction donnée, elle, ne fait guère de doute. ll s'agit de repenser le service public de l'assainissement en partant du point de vue des acteurs – collectivités, usagers domestiques, agriculteurs, industriels, associations, scientifiques – réunis dans une approche d'ensemble et pour une efficacité globale.
II s'agit aussi de proposer aux acteurs du monde de l'eau et à la population une nouvelle approche de l'assainissement, pour en faire une véritable politique publique déclinée en trois volets :
- sur le plan économique : concilier l'affirmation de nouvelles responsabilités avec des moyens financiers contraints et la nécessité de maîtriser le montant de la facture d'eau ;
- sur le plan environnemental : faire de l'assainissement un outil majeur de santé publique et de protection de l'environnement, en prenant en compte les risques nouveaux ;
- sur le plan sociétal : satisfaire les attentes en termes de participation de la population, de cadre de vie et d'aménagement du territoire.
C'est cette philosophie qui a guidé le développement du service public d'eau potable. Il est temps de la transposer à l'assainissement. C'est un enjeu de société, un enjeu passionnant car créateur d'emplois et porteur de progrès en matière de cadre de vie.
II est temps d'entrer dans le développement durable.
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