La fraîcheur de l'herbeHistoire d'une gamme d'émotions de l'Antiquité à nos jours Mots clés : en brin ou en touffe, mauvaise ou folle, mauvaises herbes, désirs amoureux, souvenirs d'enfance |
Alain CORBIN
L’herbe nous ressemble : elle pousse partout. Entre les pavés des capitales aussi bien que le long des talus. Et notre mémoire aussi est comme une grande prairie, où l’herbe doucement se relève sur nos sentiers. Ainsi l’herbe nous ressemble parce qu’elle se renouvelle, tout en restant l’herbe de toujours. Elle a l’opiniâtreté de l’espérance et la profondeur de l’oubli. Le vent l’aime, il la fait courir, comme courent les mots dans nos têtes puis sur une page, quand on se laisse emporter au souffle variable des jours.
On peut mettre un immense amour dans l’histoire d’un brin d’herbe.
Le vert aurait une vertu apaisante. Et à voir les balcons et les toits de nos immeubles, les trottoirs de nos villes, les citadins d’aujourd’hui tentent d’en tirer leçon. La verdure reprend ses droits, comme pour répondre à un désir, comme pour retrouver des émotions perdues. Nombreux sont ceux qui célébrèrent ce pouvoir sensible de l’herbe. De Lucrèce à Pétrarque, de Ronsard à George Sand, de Lamartine à René Char, Alain Corbin dresse un portrait de ces hommages rendus à l’herbe dans tous ses états, en brin ou en touffe, mauvaise ou folle. Et l’on renoue alors avec des sensations familières : la joie de l’enfant se roulant dans l’herbe, l’invitation au repos après un déjeuner sur l’herbe, les odeurs de foin coupé, le bourdonnement du petit monde des prés, mais aussi l’érotisme d’un lit d’herbe, jusqu’à la paix provoquée par l’herbe disciplinée des cimetières. Au gré des citations qu’il éclaire de son regard d’historien, Alain Corbin nous convie à une promenade sensible et verdoyante.
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