Titre |
Vivre et travailler dans le delta intérieur du fleuve Niger |
Auteurs |
Gilles Coulon, Marie-Laure de Noray, sous la direction de Didier Orange |
Éditeur |
IRD
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Sortie |
septembre 2000
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Prix |
150 francs
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Gilles COULON
Marie-Laure de NORAY
S'étendant sur près de 40 000 km2 entre Djenné, Mopti et Tombouctou, le delta intérieur du Niger, est irrigué durant six mois de l'année et le reste du temps transformé en terres arables. Tributaires des mouvements de l'eau imposés par la crue annuelle, les habitants du delta organisent leur vie au rythme du fleuve entre la pêche, l'élevage et la culture. Dans un environnement inondable, la concertation est le seul moyen pour garder la paix sociale. Impliqué depuis plus de 50 ans dans la région, l'IRD – Institut de recherche pour le développement, anciennement ORSTOM – a mis en place un projet pluridisciplinaire sur la gestion intégrée, l'hydrologie, les ressources et les systèmes d'exploitation (Gihrex). À l'aide des informations recueillies et l'analyse des différents systèmes de production les chercheurs proposent des concepts et des outils pour améliorer la gestion des ressources naturelles et pour aider à la mise en place d'une Agence du bassin du fleuve Niger. L'IRD a demandé à Gilles Coulon et à Marie-Laure de Noray d'enregistrer cette expérience sous la forme d'un beau livre publié en forme de remerciement aux pêcheurs, éleveurs et agriculteurs ayant participé aux travaux de recherche, un ouvrage accessible, axé sur les aspects humains et le quotidien des habitants du delta. Le texte, validé par les chercheurs, présente les enseignements obtenus sous un angle nouveau. L'ouvrage a été imprimé à Bamako et présenté aux participants dans le delta. Composé pour plus de la moitié de très belles photos, il aborde des sujets très divers comme l'utilité de l'école, les problèmes des femmes seules ou les tâches du maître des eaux. L'ensemble, divisé en trois parties : Être du delta, Vivre du delta et Grandir au delta, est complété par un lexique et des chiffres clés sur le delta. Le seul défaut à signaler serait l'absence de bibliographie pour les lecteurs avertis. Un très beau livre.
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Vivre du Delta – La vache, le poisson et le grain de riz. Ce pourrait
être la fable du Delta. On y parlerait du soucis du berger, des gestes
de la pêche, des espoirs du paysan, L'intrigue illustrerait les
bienfaits et les peines de la cohabitation et la morale défendrait
l'idée que la nécessaire complémentarité des êtres, des choses et des
lieux est source d'épanouissement. Vivre du Delta, c'est
essentiellement vivre de l'un – au moins – de ces trois modes. On naît
encore pêcheur, éleveur ou agriculteur même si l'on a aujourd'hui plus
qu'hier la volonté, et l'obligation souvent, d'adopter en parallèle un
autre mode d'existence, ou bien de s'adonner à l'un de ces nouveaux
métiers liés à l'essor du transport, de la consommation ou de la
transformation. Le Niger ouvre le voie, désenclave tout ce qu'il
aborde. Une voie royale qui, loin d'être une frontière, est un
carrefour, un lieu de passage, où cheminent et s'échangent hommes et
biens. Lieu de vie, lieu d'échange, il se crée sur le fleuve de
nouveaux services, de nouvelles richesses, de nouveaux besoins,
auxquels les commerçants en tout genre s'empressent de répondre. Le
fleuve relie les villes et les fait vivre. Les villes de leur tour
donnent aux gens du Delta une finalité à leur travail. C'est en ville
qu'on écoule aujourd'hui une partie de la production. Et grâce aux
transactions citadines, on acquiert l'argent désormais nécessaire à la
poursuite de ses activités. L'argent ne sert plus uniquement au
superflu. Chez les pêchers surtout, la monétarisation est rentrée dans
les moeurs. Les filets s'achètent, et constituent même un patrimoine
qui fait de certains chefs de pêche des millionnaires. Finis les temps
où l'on nouait, pour pêcher, des fils de coton échangés contre du
poisson avec les gens du sud du pays.
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Grandir au Delta – Le meilleur moyen de communiquer dans le Delta, ce
carrefour des hommes, c'est encore de parler le même langage. On y
parle donc trois ou quatre langues sans hésitation et sans leçons. Pour
commercer, c'est indispensable, les femmes l'ont bien compris. Leur
rôle économique est le moins en moins contesté. L'harmonie familiale
exige de chacun d'apporter à la communauté ce qu'il peut pour répondre
ensemble aux besoin de la "marmite", comme on nomme couramment le
groupement familial. La région se monétarise, les femmes savent qu'il
n'est plus suffisant de troquer un peu d'artisanat, et encore moins de
se cantonner aux activités domestiques. Les femmes du Delta bougent,
créent, innovent. Intuition qui les mène à de nouveaux créneaux, sur de
nouveaux marchés. Elles n'hésitent pas de quitter le Delta, descendre
vers le Sud, à des centaines de kilomètres pour vendre poisson séché ou
fumé, et rapporter tous ces produits modernes qui améliorent la vie.
Ces ustensiles de plastiques, légers et pratiques à laver, qui font un
bel effet dans la concession, des pommades parfumées que l'on avoue
préférer à l'huile de poisson, ces pagnes de pays lointains, ces bijoux
qui ne coûtent rien et qui rappelle les jours anciens où ambre, or et
argent paraient les femmes, sans contrefaçon.
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