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Crue de la Seine et de la Marne : quelle culture du risque ?

Mots clés : Yonne, Seine, Marne, crue majeure, culture du risque, épiseine, outils
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CRUE DE LA SEINE ET DE LA MARNE
Quelle culture du risque chez les Franciliens ?


Mardi 9 avril, Patrick Ollier, ancien ministre, président de Seine Grands Lacs et président de la Métropole du Grand Paris, entouré de Baptiste Blanchard, directeur général de Seine Grands Lacs, et de Yann Raguénès, chef du pôle PAPI de la Seine et de la Marne franciliennes, a convié la presse en vue de remettre en mémoire aux Franciliens le risque d'une crue majeure.

Martine LE BEC
H2o – avril 2025

 

Seuls 5 % des Franciliens estiment qu'une crue de grande ampleur de la Seine et de la Marne impacterait leur quotidien pendant plusieurs mois.

sondage IPSOS
pour l'EPTB Seine Grands Lacs

 

Malgré les crues de 2016 (exceptionnelle puisque survenue début juin) et de 2018, la conscience du risque demeure très partielle. Selon un sondage réalisé fin 2024 par Ipsos pour Seine Grands Lacs, deux tiers des Franciliens savent que leur région est exposée, mais 64 % des habitants qui résident en zone inondable l’ignorent, et moins de la moitié se disent prêts à évacuer en cas de crue. Ils sont aussi à peine 21 % à penser qu'une crue de grande ampleur impacterait leur quotidien plus d'un mois. Pour combler ce déficit de culture du risque, Seine Grands Lacs mise sur une approche de proximité qui mobilise tout à la fois les élus, les professionnels, les enseignants et les médias. "Il ne suffit pas de construire des ouvrages, encore faut-il préparer les habitants à vivre avec le risque", rappelle Patrick Ollier.

Côté ouvrages, ce sont d'abord les 4 lacs-réservoirs dont les Franciliens connaissent au moins l'existence. Ceux-ci ont été aménagés entre 1949 pour le premier (Pannecière) et 1990 pour le dernier (Temple-Amance), il y a donc plus de 35 ans. Ensemble, ils peuvent retenir plus de 800 millions de mètres cubes. S'y ajoute maintenant (à la faveur du fort lobbying exercé par le Président Ollier) le casier-pilote de La Bassée : véritable serpent de mer plus de vingt ans durant, l'ouvrage vient tout juste de recevoir sa première mise en eau (10 millions de m3 pouvant descendre le niveau attendu de la Seine à Paris jusqu'à 15 cm). S'y ajouteraient encore – bien que n'étant pas des ouvrages à proprement parler – les zones d'expansion des crues (ZEC) : il y a trois ans, cela concernait 6 projets ; aujourd'hui, plus de 212 projets sont accompagnés par Seine Grands Lacs et co-construits avec les collectivités, les agriculteurs et l’ensemble des acteurs locaux, en synergie et avec l’appui financier de la Métropole du Grand Paris. 

En complément de tout ceci, l'EPTB Seine Grands Lacs coordonne sept programmes d’actions de prévention des inondations (PAPI) le long de la Seine et de ses affluents, de Châlons-en-Champagne à Paris. Ces programmes, portés par 120 maîtres d’ouvrage (collectivités, hôpitaux, opérateurs de transport), représentent quelque 600 actions sur six ans, pour un montant global estimé à 280 millions d’euros. 

Au cœur de cette stratégie figure le dispositif ÉpiSeine, lancé en 2018. À la fois plateforme numérique, centre de ressources et outil de formation, ÉpiSeine s’adresse au grand public, aux entreprises et aux collectivités. Son objectif est de fournir des contenus accessibles, des conseils pratiques et des outils de simulation pour mieux comprendre les effets concrets d’une crue majeure, comme celle que pourrait connaître la Seine. Sur le site, les usagers peuvent désormais saisir leur adresse et obtenir un diagnostic de leur exposition au risque, complété par des conseils personnalisés. Une vidéo immersive en format smartphone illustre les conséquences d’une inondation sur la vie quotidienne : coupures d’électricité,  routes bloquées, écoles et lieux de travail inaccessibles. L’outil vise à transformer les citoyens en relais d’information, capables de diffuser les bons messages autour d’eux. Pour les entreprises, un jeu sérieux "Continuity Report" permet de simuler l’élaboration d’un plan de continuité d’activité face à différents scénarios : crue, panne d’électricité ou choc logistique. L’objectif est de faire passer les acteurs passer d’une logique passive à une logique proactive, explique Yann Raguénès, chef du pôle PAPI de la Seine et de la Marne franciliennes.

Enfin, dernier outil disponible : une modélisation dynamique des crues est aujourd’hui accessible via une plateforme. Réservée pour l’instant aux collectivités, l'application permet de visualiser, au jour le jour, la montée des eaux sur un territoire donné, en fonction de modèles hydrodynamiques. Il s'agit donc d'un outil de planification pour les maires, destiné à les aider au moment d'une décision d'évacuation avec une appréciation quartier par quartier. Il n'est pas exclu d'en tirer un jour une version grand public. ▄ 

 

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ResSources


ÉPISEINE

EPTB Seine Grands Lacs – Métropole du Grand Paris

SUR H2O
Seine Bassée, mise en eau test du casier pilote – article H2O, 2025
La prévention des risques d’inondation dans le bassin de Seine-Normandie – AESN, 2017
La Grande Inondation – dossier H2O, 2015