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Un économiste démêle le lien entre déclin des chauves-souris et hausse de la mortalité infantile

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Dossier de
la rédaction de H2o
  
22/10/2024

 

Les liens sont évidents, mais la conclusion est choquante. Les chauves-souris se nourrissent d’insectes. Lorsqu’elles sont frappées par une épidémie mortelle et se retrouvent en nombre insuffisant pour limiter la propagation des insectes, les agriculteurs sont conduits à utiliser davantage de pesticides pour protéger leurs cultures. Ce qui, selon une étude publiée le 6 septembre dans la revue Science, entraîne une augmentation de la mortalité infantile.

Menée par l’économiste de l’environnement Eyal Frank, de l’Université de Chicago, cette étude montre que dans les comtés où les populations de chauves-souris se sont effondrées, les agriculteurs ont accru leur utilisation d’insecticides de 31 %. Dans les mêmes régions, la mortalité infantile a augmenté d’environ 8 %. "Ce travail est d’une importance capitale", commente Carmen Messerlian, épidémiologiste à l’Université Harvard, qui n’a pas participé aux recherches. Spécialiste des répercussions de l’environnement sur la fertilité, la grossesse et la santé des enfants, Carmen Messerlian souligne que de plus en plus de recherches montrent que les substances chimiques présentes dans notre environnement ont des conséquences néfastes sur la santé. Les scientifiques peinent encore à déterminer exactement les relations de cause à effet. "En réduisant l’exposition de la population à ces substances, nous sauverions des vies. C’est aussi simple que cela."

L’étude menée par Eyal Frank est la dernière en date à montrer l’effet catastrophique pour les humains du déséquilibre des écosystèmes. Des recherches précédentes lui avaient permis d’établir que la quasi-extinction des vautours en Inde avait causé la mort de 500 000 personnes : comme les carcasses de bétail n’étaient plus nettoyées par les rapaces, elles avaient pollué les cours d’eau et entraîné la prolifération des chiens errants, ce qui avait favorisé la transmission de maladies hydriques et de la rage. Comme le souligne Eyal Frank : "Nous nous préoccupons beaucoup des extinctions massives, c’est-à-dire lorsqu’une espèce disparaît complètement. Mais les dégâts apparaissent bien avant cela." Le chercheur a analysé pour chaque comté les données concernant la présence du "syndrome du nez blanc" (une infection fongique qui tue les chauves-souris) et l’utilisation de pesticides par les agriculteurs, ainsi que plusieurs indicateurs de santé, dont le taux de mortalité infantile. Selon ses estimations, dans les 245 comtés touchés par le syndrome du nez blanc entre 2006 et 2017, 1 334 nourrissons seraient morts des conséquences de la disparition des chauves-souris.

Surprising New Research Links Infant Mortality to Crashing Bat Populations – The New York Times