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THEMA ARTE sur les marchands d'eauWater makes money ou comment les multinationales transforment l'eau en argent. La chaîne Arte profite de la Journée mondiale de l'eau, le 22 mars, pour un Thema sur les marchands d'eau. 1ère partie à 20h40 avec le documentaire Water makes money de Leslie Franke et Herdolor Lorenz. 2ème partie à 21h55 avec le documentaire L'eau en bouteille, pour qui ? de Sandy Smith. Film à charge contre les groupes privés, spécialistes de la gestion de l'eau, Water makes money a été réalisé principalement en France, où les associations – Attac, la Fondation France Libertés de Danielle et la Coordination Eau Île-de-France notamment – se sont mobilisées à la fois pour financer et diffuser ce film, qui milite pour un retour à une gestion publique de l'eau. Signé par les réalisateurs allemands, Leslie Franke et Herdolor Lorenz, déjà auteurs en 2005 de Eau service public à vendre, qui portait surtout sur des exemples britanniques et allemands, ce nouveau film, tout aussi engagé, se consacre cette fois largement aux villes françaises, avec quelques détours en Allemagne, en Belgique et même en Amérique du Nord. En guise de fil rouge, un personnage : Jean-Luc Touly, ex-cadre et syndicaliste de Veolia pendant trois décennies, licencié en 2006 pour avoir publié des ouvrages dénonçant les scandales de l'eau et tout juste réintégré dans le groupe par une décision de justice. "L'acteur" donne le coup d'envoi devant le siège parisien de Veolia Environnement, brandissant l'un de ses livres, L'eau des multinationales. Il le clôt, devant l'Assemblée nationale, en affirmant : "Le retour au service public de l'eau est possible !" Le film aurait pu se contenter de ce personnage comme esquissé par un dessinateur de BD, avec un sourire jusqu’aux oreilles et une foi de charbonnier dans son combat. (Jean-Luc était d'ailleurs le personnage choisi par H2o pour un projet de film, "Marigots, la planète malade de son eau", présenté en 2006 par Béatrice Limare et Martine Le Bec aux diverses chaînes.) Au lieu de cela, les réalisateurs nous baladent de Paris à Toulouse, Grenoble et Bordeaux, en brassant les affaires, récentes et anciennes : conflits d'intérêt, lobbying effréné, corruption, les accusations pleuvent ; et c'est d'ailleurs surtout Veolia qui en fait les frais. Le groupe a été sollicité par les réalisateurs mais n'a pas souhaité répondre à leurs questions, a contrario de Suez Environnement qui a dépêché sur l'affaire sa directrice du développement durable. Un détour à la station d'épuration de Bruxelles, puis un saut outre-Atlantique pour interviewer Maude Barlow, lauréate du prix Nobel alternatif... Retour en Bretagne sur les plages vertes de Côtes d'Armor – pour expliquer que même les nitrates font l'affaire des industriels. Évidemment. Enfin encore un dernier saut, en Afrique cette fois, au Kenya. Une interview rapide, pas le temps de s'attarder dans les townships de Nairobi. Retour à Paris. Jean-Luc conclut : "Les deux-tiers des contrats français de délégation de service public arrivent à échéance dans les quatre ans." Comprenez : la guerre est ouverte. Jean-Luc jubile.
Comment justifier que les Londoniens boivent de l'eau mise en bouteilles aux îles Fidji quand, dans le même temps 35 % de la population de ces îles n'a pas accès à l'eau potable ? À la lumière de l'exemple anglais, le documentaire L'eau en bouteille, pour qui ? dénonce la gestion irresponsable de l'eau potable sur la planète. Beaucoup d'Européens ont renoncé à boire l'eau, pourtant de qualité, qui sort du robinet et consomment de l'eau en bouteilles. La branche prévoit pour les années à venir une croissance de plus de 30 %. Pourtant, les dégâts causés à l'environnement par le développement de ce marché sont plus qu'alarmants : chaque année, le seul transport de ces bouteilles du lieu de production au consommateur produit plusieurs centaines de milliers de tonnes de CO2. De son côté, la fabrication des bouteilles de plastique engloutit 1,5 milliard de barils de pétrole. Et enfin, une bouteille sur quatre seulement est recyclée, le reste polluant les sols et les eaux naturelles pour des siècles. Chère victoire du marketing sur le bon sens.
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