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Nos systèmes alimentaires peuvent devenir plus efficaces, plus résilients et plus justes |
Dossier de la rédaction de H2o   |
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04/03/2024 | |
Un récent rapport du Haut conseil pour le climat montre qu’il est possible d’accélérer la réduction des émissions de l’alimentation et de la production agricole, en protégeant l’avenir des agriculteurs et des consommateurs, notamment les plus vulnérables. Autrement dit, un cercle plus vertueux est possible. Pour l’heure, l’adaptation des activités agricoles aux effets négatifs du changement climatique est surtout réactive. Elle intervient en réponse à des sécheresses ou des inondations, mais n’anticipe pas les transformations des systèmes agricoles et alimentaires qui seront nécessaires au cours des prochaines décennies du fait de la hausse de la température planétaire. Par exemple, le déplacement des aires de production agroclimatiques et les conséquences de l’accélération de la montée du niveau de la mer. Pour autant, les interventions pour répondre au changement climatique ne doivent pas cibler seulement l’agriculture, mais l’ensemble du système alimentaire. Le problème, c’est que la structure et le fonctionnement du système alimentaire actuel freinent l’adoption de pratiques agricoles et alimentaires bas carbone. Cela limite aussi la possibilité de changements transformationnels, tant du côté agricole que du côté de l’évolution de l’alimentation des consommateurs. Des options existent pourtant pour s’adapter au changement climatique tout en réduisant les gaz à effet de serre. Par exemple, la diversification des cultures permet de limiter les dommages en cas de sécheresse et cette diversification permet d’introduire des légumineuses (lentilles, pois…) qui ne nécessitent pas d’engrais azotés (moins de gaz à effet de serre émis) et qui renforcent l’offre de protéines végétales. Toutefois, cette diversification nécessite le développement de nouvelles filières végétales, avec leurs silos et leurs usines de transformation. Elle implique aussi des changements en aval de la production pour mieux transformer et valoriser ces produits dans l’offre en matière d’alimentation. Des solutions agroécologiques existent et sont même à portée de main. Il faudrait notamment : revaloriser les revenus des agriculteurs et des éleveurs en difficulté pour soutenir et accompagner leurs changements de pratiques ; réorienter les dispositifs de soutien vers un cap à long terme de résilience au changement climatique, et de baisse des émissions nettes de gaz à effet de serre ; mobiliser les acteurs de la transformation, du stockage, du transport, de la distribution et de la restauration, afin de maîtriser l’empreinte carbone de l’alimentation. De nombreuses options pour l’atténuation et l’adaptation au changement climatique peuvent être déployées également de manière élargie dans toutes les composantes du système alimentaire. Elles concernent : la gestion des terres (stockage de carbone dans les sols) ; l’agroforesterie ; les productions végétales (gestion adaptative de l’eau, tolérance à la sécheresse et à la chaleur, réduction des pertes d’azote et de la fertilisation minérale) et les productions animales (tolérance à la chaleur, santé animale, additifs alimentaires et sélection pour réduire les émissions de méthane). Jean-François Soussana (INRAE), Corinne Le Quéré (Royal Society), Marion Guillou (ex-INRAE), Sophie Dubuisson-Quellier (CNRS), Valérie Masson-Delmotte (CEA, GIEC) – The Conversation Rapport Accélérer la transition climatique avec un système alimentaire bas carbone, résilient et juste – Haut Conseil pour le climat |