France

Trames vertes et bleues : Le LEESU organise l'avis citoyen dans la vallée de l'Orge

Dans le cadre de la politique de restauration de corridors écologique dite de "Trames vertes et bleues", une conférence de citoyens a été organisée sur les communes du Plessis-Pâté et de Longpont-sur-Orge, situées dans la vallée de l’Orge en Essonne. Cette conférence de citoyens s’inscrit dans le cadre d’une recherche sur les continuités écologiques dans les milieux aquatiques et terrestres conduite par Amandine de Coninck et José-Frédéric Deroubaix du Laboratoire Eau-Environnement et Systèmes urbains de l’Université Paris-Est – LEESU. Cette recherche est financée dans le cadre du Programme interdisciplinaire pour la recherche sur la Seine et son environnement, avec le concours de l’Agence de l’eau Seine-Normandie.

Une conférence de citoyens est un dispositif de démocratie participative dans lequel un groupe de 10 personnes environ, sélectionnées aléatoirement, formulent des recommandations sur un sujet de politique publique à l’issue d’un processus d’information et de délibération. Ce type de dispositifs a été largement utilisé ces dernières années dans le but d’aider les décideurs sur des questions de politiques publiques incertaines comme la gestion des risques liées à la diffusion des organismes génétiquement modifiés, ou encore à l’exposition aux champs électromagnétiques et très récemment le débat sur la fin de vie et l’exception d’euthanasie.

Dans le cas présent, l’objectif était de pouvoir répondre à la question suivante : Quelle trame verte et bleue voulons-nous ? L’exemple de la vallée de l’Orge a été choisi comme emblématique d’une nature périurbaine, où les marges d’action sont réduites du fait de la pression de l’urbanisation. La mise en œuvre à cette échelle de la politique des Trames vertes et bleues pose donc un certain nombre de questions quant aux objectifs poursuivis, aux moyens à mettre en œuvre et, aux résultats attendus. La conférence de citoyens repose sur le postulat que les habitants ont une expérience de leur territoire, parce qu'ils y vivent et qu’ils l’utilisent.

Le concept de Trame verte et bleue repose sur une hypothèse scientifique quant au comportement et au fonctionnement des espèces. Pour dire si cette politique en vaut la peine et si elle est efficace pour préserver la biodiversité, il faut d’abord déterminer ce qu’elle implique quand il s’agit de la mettre en œuvre sur le territoire. En d’autres termes il faut choisir les objectifs que l’on vise, et essayer de voir quelles contraintes cette politique suppose pour différents acteurs (élus, agriculteurs, riverains). Un dialogue entre scientifiques, gestionnaires et usagers doit donc être initié pour partager les connaissances, identifier les incertitudes et les difficultés soulevées par la mise en œuvre d'un projet de recréation de continuités naturelles. Il faut pouvoir discuter des compromis possibles entre différentes options, énoncer qui fait quoi et quel pourrait être le rôle des riverains.

Sept citoyens du Plessis-Pâté et de Longpont-sur-Orge ont été réunis le samedi 7 décembre et le vendredi 13 décembre 2013. Différents experts sont venus présenter la problématique des trames vertes et bleues, afin de "former" les citoyens à cette question, et que ceux-ci puissent ensuite rendre un avis éclairé. Chaque expert avait pour consigne de présenter son avis sur cette politique, les bénéfices et les contraintes qu'elle suppose et des exemples concrets d’opérations de restauration de la continuité écologique. Ces experts étaient : Philippe Moncaut, chef du service Prospective, Études, Milieux du Syndicat mixte de la Vallée de l’Orge Aval (SIVOA) – Le SIVOA est l’auteur un plan de gestion de la vallée de l’Orge, qui sera mis en œuvre à partir de 2014 ; Fabienne Deveze, maire de Morainvilliers, dans les Yvelines – Fabienne Deveze travaille à la Chambre d’agriculture interdépartementale d’Île-de-France, en tant que directrice adjointe chargée de l’aménagement et du suivi des documents d’urbanisme, des expropriations, des infrastructures et des outils de protection des paysages et de l’environnement pour préserver l’activité agricole ; Céline Lafon, naturaliste de formation – Céline Lafon fait de l’écologie de terrain, elle a participé à l’inventaire des mares en Île-de-France réalisé par la Société nationale de protection de la nature, elle a également réalisé des inventaires pour "sauvages de ma rue" ; Gilles Benest, chercheur au Muséum national d’histoire naturelle, a présenté les développements de l’écologie scientifique, les principes théoriques qui la sous-tendent et leur application dans la pratique ; Julie Sannier, chargée de mission Biodiversité à la communauté d’agglomération des Lacs de l’Essonne (CALE) a présenté les réalisations de Trame verte et bleue sur le territoire de la CALE ; Kevin Mery, qui travaille au Conseil général de l’Essonne, au sein du service de l’eau, dans la cellule d’animation technique à l’entretien des rivières (CATER). Cette cellule d’animation  a pour mission de valoriser les milieux aquatiques de manière écologique et de favoriser une gestion globale des écosystèmes aquatiques. Elle conseille et accompagne les collectivités gestionnaires des milieux aquatiques (conseils techniques pour la réalisation de travaux, subventions…). Kevin Mery a donc présenté les travaux de restauration de cours d’eau réalisés ou en cours.

Une sortie sur le terrain a également permis au maire du Plessis-Pâté, Sylvain Tanguy, de présenter les projets en cours sur la commune, et de discuter de la manière dont il serait possible de valoriser les espaces de nature alentour, les usages qu'il faudrait en faire, etc.

Ainsi, suite à l’audition de ces experts durant une journée (samedi 7 décembre 2013), les citoyens ont délibéré à huis-clos pendant une soirée (vendredi 13 décembre 2013). Un avis sur la mise en œuvre des trames vertes et bleues sur le territoire de l’Orge a été rédigé collectivement, qui devra éclairer les décideurs et les gestionnaires sur les souhaits des habitants quant à la mise en œuvre locale des trames vertes et bleues, et leur servir d’appui pour mener leur politique.

Laboratoire Eau-Environnement et Systèmes urbains de l’Université Paris-Est – LEESU
Trame verte et bleue