|
Dossier de la rédaction de H2o   |
10/11/2014 |
Le 26 octobre, Rémi Fraisse, un jeune manifestant, a été tué en marge
d'affrontements entre les forces anti-émeutes et les manifestants
contestant le projet du barrage de Sivens dans le Tarn.
Le barrage de
Sivens est un projet controversé de barrage sur le cours du Tescou, un
affluent du Tarn dans le bassin de la Garonne. Le lac de barrage
correspondant permettrait la constitution d'une réserve d'eau d'un
volume de 1,5 million de mètres cubes. L'impact du projet de retenue
réside dans la submersion de 12 hectares de la zone humide du Testet et
dans le risque de disparition de 5 hectares de zones humides à l'aval de
la retenue.
Alors que le projet du barrage est contesté, les
associations ont commencé à occuper le site en octobre 2013. Le 1er
septembre 2014, alors que commençaient les travaux de déboisement sous
la protection de 200 gendarmes, les affrontements se sont amplifiés. Le
29 septembre, le ministère de l'Écologie, du Développement durable et de
l'Énergie demandait un rapport d'évaluation du projet. Le rapport, qui a
été réalisé par deux experts, ingénieurs généraux des ponts, eaux et
des forêts et remis le 27 octobre, est critique vis-à-vis du projet et
préconise plusieurs améliorations.
ACTUALISATION
Le 4 novembre, Ségolène Royal, ministre de l'Écologie,
du Développement durable et de l’Énergie, a réuni les élus locaux, les
représentants des services de l’État, des associations et de la
profession agricole pour trouver une solution au conflit. Pour
poursuivre le dialogue, une réunion des experts du ministère se tiendra
sur place le jeudi 13 novembre.
"Je voudrais souligner la qualité des
échanges et d’écoute entre les parties prenantes qui parfois ne se
parlaient plus. Chacun a pris conscience de la nécessité de dépasser sa
vérité pour construire une vérité commune et dépasser ses oppositions
frontales. Il y a eu un échange extrêmement franc, chacun a pu dire ce
qu’il avait sur le cœur. Je crois que les échanges ont permis de trouver
un certain nombre de convergences même si, compte tenu du traumatisme
vécu sur le territoire, il faut encore que les choses mûrissent. Chacun a
exprimé la nécessité de dégager une solution pérenne et durable pour
répondre au besoin de la ressource en eau. C’était le point de départ
que j’avais mis sur la table. Comment répondre au besoin de la ressource
en eau pour les agriculteurs ? Comment le faire de façon équilibrée en
profitant de l’excès d’eau pendant hiver ? Il n’a jamais été question de
ne rien faire et une solution sera trouvée pour répondre à ce besoin en
eau", a déclaré la ministre Ségolène Royal à l’issue de la réunion.
Le
président du conseil général du Tarn a redit que le département a pris
acte de l’impossibilité de poursuivre le chantier dans les conditions
actuelles. Il a demandé que soient étudiées les recommandations des
experts, qu’une solution pérenne soit trouvée et que l’État prenne ses
responsabilités en fonction de l’issue de l’examen des recommandations
des experts. De son côté la profession agricole serait prête à revoir
les évaluations en matière de volumes d’eau nécessaires. Les
associations environnementales seraient elles-mêmes prêtes à étudier des
solutions alternatives pour concilier agriculture et environnement et à
s’engager dans l’élaboration d’un projet de territoire.
"En
conclusion de cette réunion de travail, j’ai encouragé les parties
prenantes à poursuivre le dialogue pour trouver une solution", a déclaré
la ministre, en précisant : "un ouvrage sera fait et les propositions
des experts vont continuer à être examinées. Le point de convergence
c’est la volonté de chacun de participer à l’élaboration d’un projet de
territoire. Cela veut dire : se remettre autour de la table et voir les
besoins en eau, le développement local, la place des associations, des
consommateurs d’eau…"
Le ministère a aussi décidé de renvoyer sur le terrain trois experts, en hydrologie, en agronomie et en biodiversité.
Environnement France – 05-11-2014
|
|