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Dessin de tracé de fleuve

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Canada
Autochtones et écologistes s’opposent au rejet d’eau dans la nature

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Dossier de
la rédaction de H2o
  
22/12/2022

Des représentants de Premières Nations et d’Environmental Defence Canada dénoncent la volonté du gouvernement Trudeau d’élaborer une réglementation qui permettrait à l’industrie des sables bitumineux de rejeter dans la nature l’eau usée issue de la production pétrolière, une fois que celle-ci aurait subi un traitement qui reste à déterminer. Concrètement, le gouvernement fédéral élabore présentement une réglementation qui permettrait à l’industrie pétrolière de régler un problème qui ne cesse de grossir de jour en jour, et ce, depuis des décennies : les bassins de décantation de l’eau que génère le traitement des sables bitumineux au moment de leur exploitation dans l'Alberta. Ces nombreux bassins, qui représentent de véritables lacs contenant de l’eau chargée de métaux lourds, de résidus acides et d’autres composés toxiques, couvrent une superficie de près de 300 km2, ce qui comprend les zones associées aux bassins, et un volume de 1 400 milliards de litres, selon Environmental Defence. L’industrie, qui prévoit encore produire du pétrole à partir des sables bitumineux pendant plusieurs années, cherche donc à se débarrasser des liquides accumulés au fil du temps. L’option privilégiée par les entreprises et par le fédéral serait de traiter cette eau, avant de la rejeter dans la rivière Athabasca et d’autres cours d’eau. Cela implique cependant d’élaborer une réglementation permettant de déroger à la Loi sur les pêches, qui interdit actuellement ce type de déversements en raison des risques pour l’habitat du poisson. Malgré les craintes exprimées, le gouvernement fédéral se veut rassurant. "Au début de l’année dernière, notre gouvernement a mis sur pied un groupe de travail Couronne-Autochtones afin de contribuer à l’élaboration d’une nouvelle réglementation sur les effluents des mines de sables bitumineux", a expliqué au Devoir, par courriel, Environnement et Changement climatique Canada.

Entre 1990 et 2020, la production de pétrole brut a plus que doublé au Canada. Cette hausse est principalement attribuable à une augmentation rapide de la production de pétrole à partir des sables bitumineux, laquelle est beaucoup plus intensive en gaz à effet de serre que la production à partir de sources conventionnelles, selon les données du gouvernement fédéral. Au cours de cette période, les émissions provenant de l’exploitation des sables bitumineux ont augmenté de 437 %. En 2020, l’industrie a émis plus de 80 millions de tonnes de gaz à effet de serre, soit l’équivalent des émissions de 32 millions de voitures. Selon une étude publiée en 2021 par des chercheurs du University College de Londres, le Canada devrait laisser sous terre pas moins de 84 % de ses ressources en pétrole des sables bitumineux pour contribuer au respect de l’objectif de l’Accord de Paris sur le climat, soit limiter le réchauffement à 1,5 °C.

Alexandre Shields – Le Devoir