Sénégal

OMD dans le domaine de l'eau et l'assainissement : Les statistiques de la discorde

S'il y a un domaine où le Sénégal se dit "sûr" d'atteindre les Objectifs du millénaires pour le développement – OMD, en 2015, c'est bien le secteur de l'eau et l'assainissement. Seulement, si le pays a fait des avancés notables pour l'accès à l'eau potable aussi bien en milieu urbain (+ 98 %) que rural (+ 77 %), l'accès à l'assainissement (17 %) reste le parent pauvre du Programme eau potable et assainissement du millénaire – PEPAM. La société civile prend ces statistiques avec prudence (pour ne pas dire un certain scepticisme) considérant qu'il s'agit de chiffres pour "se donner bonne conscience" auprès des bailleurs. Plus d'un mois après le Forum mondial de l’eau, le Forum social sénégalais a organisé un atelier de restitution de la participation du Sénégal à ce forum sous le thème "L'eau source de vie, pas de profit". Selon un document du Programme eau potable et assainissement du millénaire – PEPAM, dressant les "performances" de pays en matière d'accès à l'eau potable et l'assainissement, le Sénégal va atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement dans ce secteur. Pour le PEPAM, cadre unifié des interventions du gouvernement du Sénégal pour la réalisation en 2015 des OMD, en zone urbain, ce taux est de 98,5 % à Dakar et 79 % dans les villes l'intérieures sur un objectif de 88 %. Mieux, la production cumulée d'eau potable en milieu urbain a atteint 146,9 millions de m3 en 2010. Cette performance est facilitée par la mise en place des projets de la Société nationale des eaux du Sénégal – SONES. En milieu rural, le taux d'accès à l'eau potable est de 77,5 % en 2010 pour un objectif de 82 % en 2015. Par exemple, en six ans (2004-2010), grâce au PEPAM, environ 1 725 000 personnes ont bénéficié d'un accès amélioré à l'eau potable en milieu rural. Ce résultat est été rendus possibles grâces aux nombreux forages dont le nombre est passé d'environ 800 en 2000, avec un taux de fonctionnement de 95 %, à 1 400 forages aujourd'hui. Soit un taux de déserte de 75 %, avec environ 7 % de panne dans tout le pays. Pour ce qui est de l'assainissement rural, le PEPAM souligne que seuls 17 % des ménages ruraux ont accès à ce système en zone rural.

Mais ces statistiques ne rencontrent pas l'adhésion de certains acteurs de la société civile bien au fait des questions de l'eau et de l'assainissement. Selon eux, "ces données n'engagent que les autorités, surtout le PEPAM qui les a établies pour se faire bonne conscience auprès des partenaires financiers.

Mais la réalité est toute autre et saute à l'œil nu. Rien qu'à Dakar, de nombreux ménages n'ont pas accès à l'eau encore moins à l'assainissement. Les objectifs Eau potable et Assainissement pour 2015 du Sénégal sont  :

• assurer en milieu rural l'approvisionnement durable en eau potable de 2,3 millions de personnes supplémentaires, et faire passer le taux d'accès des ménages ruraux à l'eau potable de 64  % en 2004 à 82 % en 2015 ;

• permettre à 355 000 ménages ruraux de s'équiper d'un système autonome d'évacuation des excréta et des eaux usées ménagères, et faire passer le taux d'accès à l'assainissement en milieu rural de 17 % en 2004 à 59 % en 2015 ;

• assurer l'assainissement des principaux lieux publics des communautés rurales par la réalisation de 3 360 édicules publics (écoles, postes de santé, marchés hebdomadaires, gares routières, etc. ;

• assurer en milieu urbain l'approvisionnement en eau par branchement particulier de 1,64 millions de personnes supplémentaires, et atteindre en 2015 un taux de branchement de 88 % à Dakar et 79 % dans les centres de l'intérieur, contre respectivement 75,7 % et 57,1 % en 2002 ;

• permettre à 1,73 millions de personnes supplémentaires d'accéder à un service d'assainissement, et faire passer le taux d'accès à l'assainissement de 56,7 % en 2002 à 78 % en 2015.

Ibrahima Diallo, Sud Quotidien (Dakar) – AllAfrica 15-05-2012