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Dessin de tracé de fleuve

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Cameroun
Des voyages vers l'eau et du danger des forages anarchiques

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Dossier de
la rédaction de H2o
  
19/04/2023

C'est la cohue dès l'aube devant les robinets qui crachent l'eau à gros bouillon du forage privé de la brasserie Guinness de Bassa, quartier populaire de Douala, la capitale économique du Cameroun et forte de 4 millions d’habitants. Les défaillances du service public poussent chaque jour des milliers de citadins à "voyager" vers les innombrables forages de ce type, creusés de manière totalement anarchique, au risque de polluer les nappes phréatiques ; tout cela au péril de la santé publique dans une ville où sévit toujours épisodiquement le choléra. Armés de bombonnes et jerrycans multicolores, voire de simples bouteilles, hommes, femmes et enfants se bousculent pour accéder à l'eau du forage de la brasserie Guinness. Ils en remplissent leur coffre de voiture, le porte-bagage d'une moto-taxi ou repartent un seau sur la tête. Pauvres et moins pauvres. Souvent aidés par de solides gaillards qui en font un gagne-pain. Le gouvernement a beau assurer que la Camwater, la compagnie publique, fournit "la majorité" des foyers, sans apporter de chiffres ni même d'estimation, personne n'y croit.

Non loin de Bassa, au PK12, autre quartier populaire, deux machines font trembler le sol d'un coin de terrain coincé entre des constructions en tous genres. Il s’agit du pieu d’une foreuse ; la petite entreprise Hydyam forage de Serge Diffo va bientôt achever un énième puits. "Chacun fait selon ses moyens, creuse un ou plusieurs trous sans rendre compte à quiconque", confirme le professeur André Firmin Bon, hydrogéologue à l'Université de Maroua. "La densité peut avoisiner 100 forages au km2 et, comme ils sont parfois en communication avec des sources de pollution, latrines, décharges ou autres, le sol ne joue plus son rôle d'épuration", déplore-t-il.

Le président Paul Biya semble avoir pris la mesure du péril : dans ses vœux du Nouvel An, il a "demandé au gouvernement" de lancer d'urgence, "dès 2023", un "mégaprojet d'adduction d'eau potable" à Douala et ses environs ; un projet en sommeil dans les cartons depuis plusieurs années.

Libération (Casablanca) – AllAfrica