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Dossier de la rédaction de H2o   |
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16/02/2021 | |
Le prix du bidon jaune est passé de 100 à 500 ariarys, puis à 1 000 ariarys dans certains quartiers de la capitale. Les usagers sont aux abois. Veiller jusqu'à trois heures du matin pour aller chercher de l'eau à la borne-fontaine la plus proche est devenu le quotidien de la majeure partie des habitants de la capitale ces dernières semaines. Prétextant une intensité aggravée de la période de sécheresse, la compagnie nationale de l'eau et de l'électricité se débat tant bien que mal sur le plan de l'approvisionnement en eau sur toute la zone Antananarivo et périphérie. "L'eau ne coule que la nuit et nous sommes obligés d'attendre que les bidons soient pleins avant d'aller dormir, sinon il n'y aura pas d'eau pour cuisiner, se doucher ou faire la lessive. Mais, il y a des moments où l'eau ne coule que deux heures de temps seulement la nuit. Imaginez les risques que nous encourons en sortant avec nos bidons pour aller à la borne fontaine qui se situe à 700 mètres de notre domicile. Sans parler des risques que le fontainier même encourent car lui aussi doit être à son poste à des heures impossibles", se résigne Éric Andrianomenjanahary, père de famille habitant la commune d'Andranonahoatra Itaosy. Cette situation profite ainsi à certains opportunistes qui proposent des services de livraison d'eau à domicile moyennant les frais de transport des fameux bidons jaunes. "Notre consommation journalière avoisine la douzaine de bidons de 20 litres. Acheté à 100 ariarys en plus du transport depuis la citerne-fontaine jusqu'à notre domicile qui coûte environ 400 ariarys, le bidon revient ainsi à 500 ariarys en temps normal. Mais avec la sécheresse, les porteurs d'eau qui sont obligés d'aller jusqu'en ville pour trouver une borne-fontaine fonctionnelle, ont doublé le tarif. Ce qui nous fait un coût de 12 000 ariarys par jour ou plus de 360 000 ariarys mensuel, si ce problème d'étiage persiste. Sans oublier le fait que la JIRAMA nous facture toujours un mètre cube fictif depuis quelques mois alors que notre consommation à la pompe est largement en de ça de cette facture", se désole ce père de famille aux abois. Les zones périphériques, à l'instar de l'Atsimondrano, subissent ainsi ces délestages d'eau depuis plus d'une décennie, malgré la présence de stations d'alimentation comme celle d'Ankadivoribe ou encore de Vontovorona, lesquelles n'assurent que 3 % de l'approvisionnement sur le grand Tanà, dans la mesure où plus de 93 % de cet approvisionnement est encore assuré essentiellement par la station de Mandroseza. Elle profite aux 72 % des abonnés habitant en centre-ville, laissant, ainsi, pour compte les abonnés situés dans les zones dites "en fin de réseau". Par ailleurs, les défaillances du réseau de distribution provoquent une perte de 40 % journalière. De ce fait, seulement 110 000 mètres cubes sur les 250 000 mètres cubes produits chaque jour sont rentables pour la compagnie nationale. "Le réseau de distribution est saturé depuis bien longtemps. On ne mentionnera plus les gaspillages consommations excessives dans certains quartiers comme les campus universitaires publics, les quartiers résidentiels, ou encore les quartiers industriels qui handicapent les petits consommateurs", soutient un technicien de la compagnie. Cette dernière qui, en guise de solution d'urgence installera une centaine de citernes fixes dans des quartiers de la capitale, et certaines communes périphériques. Harilalaina Rakotobe, L'Express de Madagascar (Antananarivo) – AllAfrica |