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Burkina Faso |
Dossier de la rédaction de H2o   |
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11/12/2019 | |
Environ 900 à 20 000 mètres cubes d'excréments sont quotidiennement tirés des fosses d'aisance et septiques des familles ou des services dans la ville de Ouagadougou. En dépit des trois stations de traitement de l'Office national de l'eau et de l'assainissement (ONEA), la gestion de cette masse importante de déchets organiques demeure un défi pour les populations et les autorités municipales. [Extraits du reportage de Gaspard Bayala] Dans la capitale burkinabè, peu de foyers sont raccordés au réseau d'égouts urbain. L'ONEA ne dispose que de trois stations de traitement. Les deux premières ont été réalisées en septembre 2014 à Kossodo et à Zagtouli. La troisième station de Sourgoubila a été mise en service, le 2 novembre 2016. Elle a été conçue pour recevoir 135 mètres cubes de boues par jour. Or, depuis 2009, dans le cadre du projet d'assainissement urbain, la ville devait être quadrillée par des stations pour éviter aux vidangeurs de parcourir plus de 15 kilomètres pour vider les boues. Malheureusement, les stations construites ne disposent pas d'une très grande capacité de traitement des boues. D'où la prolifération des dépotages sauvages. Le chef de service du projet Assainissement collectif à la station de traitement de Zagtouli, Soumaïla Sodré, soutient que la station reçoit autour de 100 à 120 camions vidangeurs par jour (soit environ 400 à 500 m3 de boues par jour). Elle a été pourtant construite pour recevoir 125 mètres cubes par jour. La station de Kossodo a une capacité d'absorption et de traitement de 400 mètres cubes par jour à raison de 30 camions de vidange par jour. Cependant, elle reçoit plus de 200 camions, informe le chargé de suivi exploitation des stations de traitement des boues de vidange à Ouagadougou, Pomileyi Dah. "Nos capacités de réception sont dépassées parce que l'écart est grand", avoue-t-il. Une fois débordée, fait savoir le premier responsable du site de Zagtouli, la station est fermée. "Nous réorientons les vidangeurs vers les autres sites. Mais si ces sites sont débordés, les vidangeurs vont dans la nature. C'est vraiment dommage", déplore M. Sodré. Selon le secrétaire général adjoint de l'Association des vidangeurs du Faso (AVIF), Soumaïla Sedogo, les stations de traitement ne reçoivent que 15 % des boues de vidanges de la ville de Ouagadougou. Suivant ses dires, seulement 5 % des liquides reçus sont traités dans les bassins, et les 85 % déversés dans la nature. Il arrive, ajoute-t-il, que le site de Kossodo soit fermé pendant une ou deux semaines. "Où voulez-vous que nous dépotions durant cette période ?" Pour le président de l'Association des vidangeurs manuels de la ville de Ouagadougou, Alidou Bandé, l'autorité doit avoir un regard particulier sur la question. À son avis, cela passe premièrement par la considération de leur métier. Il souligne que seuls les vidangeurs mécaniques arrivent à aller dans les stations de traitement. Pourtant, précise-t-il, les vidangeurs manuels occupent une bonne place dans le système d'assainissement dans la capitale. "Si les mairies nous trouvent des sites de dépotages transitoires, nous pourrons résoudre ce problème de dépotage sauvage. On ne peut pas parcourir 20 ou 30 kilomètres pour le faire", affirme le vidangeur manuel. Mais ses arguments sont battus en brèche par les autorités municipales qui évoquent la mauvaise foi des vidangeurs, selon elles certains vidangeurs s'adonneraient à la pratique des dépôts sauvages afin d'éviter de s'acquitter des frais de vidange sur les stations de traitement qui s'élèvent à 300 francs CFA par mètre cube. Gaspard Bayala, Sidwaya (Ouagadougou) – AllAfrica |