MicropolluantsMots clés : micropolluant, cancérigène, mutagène, reprotoxique, neurotoxique, immunotoxique, tératogène, perturbateur endocrinien |
Page 1 sur 2
MICROPOLLUANTS
|
|
Un micropolluant est plutôt d’origine synthétique mais peut être également naturel dans le cas des métaux (mercure, cadmium) ou des métalloïdes (arsenic)
Les micropolluants sont souvent classés par familles chimiques : les métaux (cadmium, plomb par exemple) et les métalloïdes (arsenic) d’une part ; les organiques d’autre part (comme les dérivés du benzène, les polychlorobiphényles ou PCB, les phtalates, les bisphénols, les organochlorés…) ; et, entre les deux, les organo-métalliques.
Mais ils peuvent être également classés par usages : les plastifiants, les détergents, les pesticides, les biocides, les produits pharmaceutiques…
Enfin, pour une définition complète, nous préciserons qu’un micropolluant n’est pas un micro-organisme. Sont ainsi exclus de la définition les virus, les bactéries, les cyanobactéries, etc., ainsi également que les polluants dits "classiques" : les matières en suspension, l’azote, les nitrates, le phosphore…
NOTIONS RÉGLEMENTAIRES La réglementation liée aux micropolluants est foisonnante. Les micropolluants se trouvent au carrefour de beaucoup de textes législatifs, dans une réglementation complexe, assez imbriquée portant sur les autorisations de mise sur le marché, les autorisations de rejets, et sur l’environnement (eau, milieux aquatiques, usages de l’eau). La DCE (directive cadre européenne sur l’eau) fixe des substances prioritaires communes à l’échelle européenne et exige de chaque bassin de déterminer leurs propres micropolluants significatifs complémentaires. Le droit français a intégré la réglementation européenne en structurant la stratégie du gouvernement français dans des plans nationaux d’actions comme le Plan micropolluants, ou de façon particulière sur les PCB ou encore dans l’actualité récente des perturbateurs endocriniens. |
Le parcours d’un micropolluant
Le micropolluant, une fois fabriqué ou généré fatalement, puis relargué, va passer de l’environnement aux espèces vivantes – et à l'homme, par différents canaux environnementaux : l'air, le sol, l'eau. L’eau n’est pas le premier vecteur de contamination pour la santé humaine, même si cela est variable selon les micropolluants considérés. En revanche, elle est un bon révélateur des micropolluants que l’on peut retrouver dans d’autres compartiments environnementaux (les sols ou l’air).
Comment les micropolluants arrivent-ils dans l’eau et les milieux aquatiques ? Le schéma simplifié des sources d’émission, des voies de transfert dans notre environnement, et des rejets vers les milieux aquatiques pourrait être le suivant.
|
Des exemples pris sur le bassin Seine-Normandie donnent une idée des principaux rejets constatés ainsi que les améliorations enregistrées.
S’agissant des rejets industriels, des efforts importants ont porté sur la gestion des effluents industriels notamment sur les métaux lourds et les solvants halogénés. Ainsi les efforts entrepris dans le traitement de surfaces et dans la métallurgie (réglementation, traitement des effluents, rejet zéro…) ont permis d’enregistré une forte diminution des teneurs en cadmium depuis les années 1980. En revanche, les rejets de solvants chlorés et dérivés de benzène représentent désormais une part importante des rejets industriels ; les apports en nickel et nonylphénols sont également significatifs.
En milieu urbain, les habitants contribuent quotidiennement de façon non négligeable au rejet de micropolluants par leur consommation de produits d’entretien (l’eau de javel, les détergents, les peintures), de cosmétiques ou de médicaments. S’y ajoutent évidemment les rejets de diverses activités économiques artisanales ou industrielles, les transferts des matériaux urbains (les fameuses toitures en zinc de Paris), l’entretien des espaces verts, etc. Sur les plus grosses stations d'épuration du bassin, 14 des 20 substances les plus rejetées sont des métaux ; pour les stations plus petites, le zinc, le cuivre, le chlortoluron, le diuron et l’oxadiazon sont les plus retrouvées.
Les actions à la source de maîtrise de déversement des micropolluants dans les systèmes d’assainissement permettent de réduire les rejets vers les rivières. Depuis plusieurs années, les rejets de micropolluants dans les réseaux d’assainissement ont ainsi été réduits par diverses actions : la campagne Pressings sans perchloréthylène, la récupération des amalgames dentaires pour le mercure, la gestion des déchets pour les garages (HAPs)…
|
Le volume des rejets est significativement augmenté par temps de pluie. C’était le cas il y a quelques années avec les rejets de plomb, imputables au carburant des véhicules automobiles. Les programmes de recherche sur le bassin engagés au sein de l’observatoire OPUR (observatoire des polluants urbains en Île-de-France) ont permis depuis deux décennies d’approfondir notre connaissance des apports par temps de pluie. Ses principales thématiques actuelles sont la maîtrise à la source de la contamination des eaux pluviales urbaines, l’utilisation des ressources alternatives à l’eau potable en ville, le développement de nouvelles méthodes pour le suivi et la caractérisation des contaminants, la modélisation intégrée des flux polluants.
Par ailleurs, les programmes de recherche PIREN-Seine et GIP Seine-Aval contribuent à apporter un éclairage sur les stocks de pollution constitués dans l’environnement depuis des décennies et potentiellement "remobilisables" dans les rivières. La datation d’une carotte de sédiments à l’aval du bassin de la Seine témoigne des activités humaines passées : le pic de pollution en HAP (1960) correspond à l’utilisation du charbon en France (confirmation sur d’autres sites en France). De même, des traces de mercure qui provenaient du bouclage des plumes d’aigrette à destination des chapeaux par les vapeurs de mercure peuvent être révélées dans des carottes de sédiments dans les dépôts de crues de la Seine. Des stocks de pollution dans l’environnement ont été constitués par les activités et pratiques passées (sédiments, produits de dragage des ports et chenaux de navigation, sites pollués…). Les molécules hydrophobes sont généralement les plus concernées (PCB, HAP, étains cations, métaux). Il reste assez difficile d’estimer la part de pollution dite "remobilisable" qui pourra engendrer un impact sur les écosystèmes aquatiques. Cela reste une voie d’amélioration de connaissances importante. Des stocks de ce type dans l’environnement ainsi que les apports des rivières et fleuves du continent constituent des sources de pollution importantes de micropolluants pour les milieux marins.